Les précédentes recommandations sur la syncope datent de 2009. Leur version actualisée a déjà été présentée en mars dernier lors du congrès de l’EHRA (European Heart Rhythm Association), mais ces nouvelles recommandations ont été à nouveau largement détaillées en session plénière lors du congrès annuel de l’European Society of Cardiology à Munich. Bien sûr, les données les plus récentes de la littérature ont été prises en compte.
Le texte accorde une large place à la conduite à tenir aux urgences, question cruciale puisque les syncopes motivent de 1 à 6 % des passages aux urgences. « L’objectif est de réduire le nombre d’hospitalisations, qui concernent aujourd’hui jusqu’à 1 patient sur 2 alors que seuls de 5 à 10 % des cas le nécessitent vraiment », rappelle le Pr Jean-Claude Deharo de Marseille. Le groupe d’experts propose une démarche bien codifiée tenant compte du risque (voir fig. 1).
[[asset:image:7423 {"mode":"full","align":"","field_asset_image_copyright":["DR"],"field_asset_image_description":}]]Le traitement des syncopes réflexes, les plus fréquentes, a été mis à jour, avec en première intention la réassurance et les explications données au patient, qui sont efficaces dans 90 % des cas. Si le sujet reste symptomatique, le choix du traitement est facilité par une approche phénotypique avec quatre points d’entrée et prise en compte de l’âge (voir fig. 2) : profil hypotendu, traitement antihypertenseur, présence ou absence de prodromes, présence ou absence d’une cardio-inhibition prédominante.
[[asset:image:7424 {"mode":"full","align":"","field_asset_image_copyright":["DR"],"field_asset_image_description":["ILR : Implantable Loop Recorder"]}]]Enfin, les experts insistent sur l’utilité de l’enregistrement vidéo de la syncope par l’entourage à l’aide d’un smartphone, approche très utilisée par les neurologues. Cette mesure très facile à appliquer, qui fait participer le patient et ses proches à la prise en charge, peut être d’une aide précieuse dans le cadre du diagnostic différentiel.
Également, une fois de plus, l’accent a été mis sur la nécessité de mettre en place des unités de syncope, telles que définies dans le document de consensus européen de 2015. La France est encore un peu en retard.
C’est aussi l’aspect pédagogique de ce document qui lui donne son intérêt. Ainsi, le Web addenda donne accès en ligne à des informations additionnelles, sur les examens complémentaires et leur interprétation. « Les modalités de réalisation et d’interprétation du test sont parfaitement explicitées, vidéo à l’appui », souligne le Pr Deharo. Différents documents à destination des patients, en anglais, sont également disponibles, un outil important dans une pathologie où la relation médecin-patient, en particulier en cas de syncopes vagales, est essentielle.
Pour faciliter l’accès rapide aux recommandations, outre la version de poche classique, une application a été développée. « Sa version anglaise vient d’être finalisée, mais pour la première fois une version française devrait à terme être disponible en avec accord la Société française de cardiologie. Une quinzaine d’algorithmes seront ainsi facilement accessibles », note le Pr Deharo.
D’après un entretien avec le Pr Jean-Claude Deharo, hôpital de la Timone (Marseille)
https://academic.oup.com/eurheartj/article/39/21/1883/4939241
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