En juin 2010, les inspections générales des affaires sociales et de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche (IGAS-IGAENR) tiraient la sonnette d’alarme. Dans le rapport remis aux ministres de la Santé et de l’Enseignement supérieur, les deux institutions recommandaient des mesures d’urgence pour assurer au mieux l’adéquation entre l’offre et la demande de post-internat. « L’accès au post-internat devient mécaniquement plus difficile avec la progression des effectifs en sortie d’internat, constataient les deux inspections. Les chances de devenir chef de clinique qui étaient de 73 % en 2009 ne seront plus que de 61 % en 2013. Le taux d’accès au clinicat était de 88 % en 2007 ».
Les internes s’inquiètent de ce problème car beaucoup d’entre eux, en fin de 3e cycle, manquent de perspectives à la prochaine rentrée universitaire. La Commission nationale de l’internat et du post-internat (CNIPI) a beau plancher à une réforme structurelle du 3e cycle, elle n’apporte pas pour l’heure de solutions à ces centaines de jeunes qui sont contraints de patienter un an ou deux pour terminer leur formation. « Le post-internat est obligatoire dans de nombreuses spécialités chirurgicales, commente Bertrand Joly, président de l’ISNIH. Or, on constate que de plus en plus d’internes sont contraints de prendre des postes d’attente entre le troisième cycle de leurs études et le post-internat. Ils voyagent, attendent six mois, remplacent, font un master II ou préparent une médaille d’or [lire encadré], pendant cette prolongation d’un an de leur cursus. Les postes d’attentes se reportent d’une année sur l’autre, ce qui ne fait qu’accentuer le problème. Que quelqu’un qui a fait onze ans d’études soit obligé de prolonger d’un an son internat pour obtenir un post-internat, ce n’est pas correct ».
Plusieurs centaines de postes vont manquer dans les 4 prochaines années. La ville de Lille a rendu un tableau complet des besoins en post-internat auxquels elle sera confrontée (lire encadré). En dépit du rapport de l’IGAS, les pouvoirs publics n’ont pas mesuré l’ampleur du problème. « On ne fait que reculer, poursuit Bertrand Joly. C’est une bombe à retardement ». La France compte 3 600 chefs de clinique et a ouvert 400 postes d’assistants spécialistes ces deux dernières années. Mais il est très difficile de connaître avec exactitude les besoins de post-internat. La directrice générale de l’offre des soins (DGOS), Annie Podeur, a demandé aux agences régionales de santé (ARS) de recenser les besoins de post-internat sur les trois prochaines années et d’identifier les déficits en regard de l’offre existante.
Dans son rapport sur l’évolution du statut hospitalo-universitaire, Raphaël Gaillard préconise de maintenir le statut de chef de clinique ainsi que leur nombre. La CNIPI souhaite également que ce statut soit pérennisé.
La création de nouveaux postes de chefs et d’assitants représenterait des dépenses supplémentaires. Ce surcoût atteindrait 200 millions d’euros selon l’IGAS et l’IGAENR, « si l’on voulait garantir un poste de chef de clinique de façon systématique à la sortie de l’internat en 2013 ». Le président de l’ISNIH souhaite du concret : « Les pouvoirs publics ont augmenté le numerus clausus. Quand on met des gens dans un tunnel, on prévoit une sortie, pas un goulot d’étranglement ». Pour Bertrand Joly, au moins 400 à 500 postes d’assistants spécialistes seront nécessaires à la prochaine rentrée universitaire.
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