Après avoir pris un peu de retard, notre pays manifeste actuellement un grand intérêt pour cette méthode pédagogique incontournable. Un rapport de la Haute Autorité de santé de 2012 préconisait dix actions devant permettre son développement. Il a été complété récemment par un « Guide des bonnes pratiques en matière de simulation en santé », dont l’objectif est d’organiser et d’harmoniser les programmes et les structures dédiés à cette méthode. Enfin un « Guide pour l’évaluation des infrastructures de simulation », est actuellement en préparation.
Le Projet National pour la Sécurité des Patients (PNSP) souligne également la nécessité de « faire de la simulation sous ses différentes formes une méthode prioritaire en formation initiale et continue pour faire progresser la sécurité ».
Les enjeux de la simulation sont nombreux et d’abord éthiques. Il est inconcevable aujourd’hui qu’un geste technique invasif, par exemple, soit réalisé par un professionnel de santé sans aucune expérience préalable. Cette notion ne concerne pas seulement les gestes techniques mais également les comportements vis-à-vis des patients.
Pendant la formation initiale
L’enseignement par simulation représente un enjeu important pour les facultés et les CHU, et pour la formation des professionnels de demain. Il permet idéalement de combler certains « défauts » de la formation initiale des étudiants : l’absence d’évaluation formelle des compétences et des comportements des futurs professionnels et une formation cloisonnée (médecine, pharmacie, sages-femmes, IFSI, etc.), alors que la prise en charge d’un patient nécessite le plus souvent une collaboration pluriprofessionnelle.
La formation des étudiants en médecine a connu une évolution récente en France, favorisée par les textes réglementaires (Bulletin officiel du 16 mai 2013), inscrivant l’acquisition des compétences dans les missions des facultés de médecine. L’objectif, en second cycle est de développer des compétences simples transdisciplinaires (relation, communication, etc.) dites compétences génériques, appréciées à l’aide de situations simulées, comme l’annonce d’une maladie sévère, cliniques (examen cardiopulmonaire, neurologique, etc.) ou techniques (examen pelvien, ponction lombaire, etc.). La littérature internationale témoigne de l’intérêt de cet apprentissage.
En anesthésie réanimation
Les objectifs pour la formation des DES d’anesthésie-réanimation (DESAR) sont aujourd’hui bien définis, même s’ils ne font pas encore l’objet d’une harmonisation nationale. Ils peuvent être résumés ainsi :
- pratique de gestes techniques sur mannequins basse fidélité (voies veineuses centrales, anesthésies locorégionales etc.) de façon à respecter un principe éthique de base « jamais la première fois sur un patient » ;
- entraînement à la gestion de crises (arrêt cardiorespiratoire, choc anaphylactique, hyperthermie maligne etc.) en utilisant les critères Crisis Resource Management (CRM) tirés de l’aéronautique et associant en particulier différents items comportementaux (prise de décisions, leadership, gestion des ressources, etc.).
- entraînement à la consultation (pré-anesthésique, annonce d’un événement indésirable grave, d’un décès, d’un prélèvement multi-organes etc.) avec des acteurs ou des patients standardisés ;
- analyse des comportements avec l’équipe, les patients et leur entourage ;
- apprentissage de nouvelles technologies et de nouveaux appareils.
Les limites de cette formation sont avant tout humaines (nécessité de formateurs correctement formés et disposant de temps dédié) mais aussi financières (coût des matériels, des acteurs etc.). L’évaluation encore formative de ces formations devrait certainement s’accompagner à court terme d’une évaluation sommative.
Au cours du DPC aussi
Une « fiche technique méthode » du guide HAS décrit la simulation comme une modalité à part entière pour la réalisation du DPC. Celui-ci connaît un fort développement sous l’impulsion du Collège français des anesthésistes-réanimateurs (CFAR) et de la Société française d’anesthésie réanimation (SFAR).
Ainsi, le CFAR propose à ce jour plus de vingt programmes DPC. Lors du congrès de la SFAR 2014, quatre types de programmes DPC ont été organisés dont un incluant la simulation (session à thème DPC de trois heures et participation à un atelier DPC de simulation d’une heure trente).
À terme, en France comme dans d’autres pays, devraient certainement être envisagées des (re)certifications des spécialistes utilisant en particulier la simulation comme méthode d’évaluation.
La simulation doit s’intégrer dans un parcours global de formation des professionnels de santé. L’évaluation des connaissances et des compétences, techniques ou non, de ces professionnels par la simulation paraît incontournable à moyen terme. Enfin, il faut demeurer très vigilant sur la qualité de la formation des formateurs.
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