Après plusieurs mois d’attente – et alors que les étudiants ont retrouvé les bancs des facs depuis quatre mois – les externes savent désormais à quelle sauce ils seront mangés pour accéder à l’internat, dans le cadre de la réforme du deuxième cycle. L’arrêté, cadrant les toutes nouvelles épreuves qui remplaceront les épreuves classantes nationales (ECN), a été publié le 28 décembre au « Journal officiel ». De quoi apaiser, en partie, la grogne des fédérations étudiantes qui regrettaient, depuis cet été, une réforme tardive et bâclée.
Ainsi, dès 2024, fini le classement unique pour les 9 000 futurs internes. Pour s’orienter vers une spécialité, les externes devront passer trois nouvelles épreuves, savant mélange de connaissances et de compétences, selon les architectes de la réforme votée en 2019. Trois épreuves, pour trois notes, dont la moyenne finale sera intégrée à un algorithme de « matching », - ou appariement – pour diriger l’étudiant vers la spécialité qui lui conviendrait le mieux.
Rattrapage et note minimale
Pour accéder au troisième cycle, les externes devront d’abord passer un premier examen : « les épreuves dématérialisées » (EDN). Contrairement aux ECN, ou à l’ancien concours de l'internat, ces épreuves n’auront plus lieu en fin d’année universitaire mais « avant la fin de la dernière semaine du mois d’octobre » de sixième année, précise l’arrêté. Quant au format de l’examen, il y a peu de surprises : tout comme les ECN, les étudiants devront répondre à des dossiers progressifs et une lecture critique d’article.
Les connaissances à acquérir dans le cadre de la réforme sont par ailleurs réduites et segmentées en question de rang A – socle indispensable à tout médecin – et celle de rang B. La nouveauté ? Pour valider l’examen, l’étudiant devra obtenir une note minimale de 14/20 aux questions de rang A, faute de quoi il sera obligé de passer une session de rattrapage pour accéder au troisième cycle. La note globale obtenue pèsera 60 % du dossier final du candidat pour la procédure de matching.
Attention : « les notes obtenues au titre de la seconde session ne sont pas prises en compte pour la procédure d'appariement, précise l'arrêté. Seules les notes obtenues lors de la première session sont prises en compte ». Pour les moins chanceux qui n’auraient pas obtenu 14/20 à l’issue des rattrapages, le redoublement sera obligatoire pour espérer accéder à l’internat. « Les stages effectués au cours de cette année supplémentaire ne donnent pas lieu à validation », ajoute l’arrêté.
« Absence de conflits d’intérêts »
Une fois les EDN validées, les carabins pourront passer la seconde épreuve : les Ecos. Des mises en situation cliniques, devant un jury, qui comptent pour 30 % de la note finale. L’examen se déroulera à partir de scenarii établis par le conseil scientifique. Cette fois-ci, une note minimale de 10/20 sera requise, et aucun rattrapage n’est prévu.
Alors que l’introduction d’épreuves orales en médecine a été vivement critiquée l’année dernière lors de mise en place de la réforme de la Paces, l’arrêté entend assurer « la neutralité et de l'équité de traitement des candidats » lors des Ecos. Aussi, pour veiller à « l’absence de conflits d’intérêts », les examinateurs ne devront avoir aucun « lien de parenté en ligne directe ou en ligne collatérale, jusqu'au deuxième degré compris, avec l'un des candidats ». Par ailleurs, au moins 50 % des membres du jury devront provenir d’une université extérieure, une demande forte de l’Association nationale des étudiants de médecine de France (Anemf).
? L'arrêté Epreuves est enfin sorti !
— ANEMF (@ANEMF) December 28, 2021
➡️ Il cadre les EDN, les ECOS, le parcours et les conditions d'entrée dans le matching. pic.twitter.com/U7jIGrUO93
Des points de parcours
Les 10 % restant pour compléter le matching seront consacrés au parcours de l’étudiant. Voyage à l’étranger, engagement associatif, tutorat ou formation supplémentaire viendront gonfler la note finale. Et, là encore, le texte publié au « Journal officiel » vient fournir des critères de notation précis. Ainsi, la publication d’un article scientifique dans un journal à comité de lecture vaudra 10 points à l’étudiant ; 40 points s’il a étudié six mois à l’étranger ; 60 points s’il a validé un master 2 hors cursus de médecine, ou encore 40 points pour un engagement associatif ou de réserve sanitaire.
Espéré de longue date, cet arrêté n'est néanmoins pas le dernier attendu. Un autre texte doit encore être publié pour préciser concrètement comment se mettra en place le fameux « matching », et comprendre comment les internes seront orientés dans chaque ville et chaque spécialité. La mise en place de cette procédure d’affectation est prévue pour 2024. Les étudiants qui passeront les dernières ECN en 2023 essuieront les plâtres des nouveaux programmes… mais conserveront la procédure d’affectation initiale à savoir, pour la dernière fois, le classement unique. Les ECN 2022 ancienne mouture se dérouleront le 13, 14 et 15 juin prochains.
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