Afin de limiter le gâchis humain provoqué par l'hypersélective première année commune aux études de santé (PACES) et de diversifier les profils des futurs médecins, dix universités testent depuis les rentrées 2014 et 2015 trois modèles d'expérimentation.
L'AlterPACES (Paris V, VII, XIII, Poitiers, Saint-Étienne, Strasbourg, Tours) permet à un étudiant ayant validé une 2e ou une 3e année de licence (L2 ou L3) scientifique d'intégrer le cursus de médecine en seconde année ; PluriPASS (Angers) propose un cursus pluridisciplinaire d'un an au cours duquel les étudiants peuvent s'orienter vers des filières de santé ou une autre formation non scientifique (école d'ingénieur, droit, management…) ; le parcours Sciences pour la Santé (Rouen et Clermont-Ferrand) repose sur une nouvelle licence où les étudiants s'orientent vers médecine après la L2/L3 ou poursuivent dans une autre discipline.
Le Pr Jean-Paul Saint-André, ex-président de l'université d'Angers, dresse un premier bilan mitigé de ces expérimentations, dans un rapport que le « Quotidien » a consulté. Certes, ces initiatives ont supprimé pour les étudiants retenus les redoublements mais elles n'ont pas encore permis de diversifier les profils des futurs médecins, certaines filières manquant d'attractivité.
Davantage de secondes chances
Les trois modèles permettent aux étudiants de continuer un cursus sans perdre une année. « Tout étudiant ayant validé une année de licence poursuit ses études dans l’année supérieure, où il pourra bénéficier, s’il le souhaite et s’il remplit les conditions, d’une seconde chance pour l’admission dans les études de santé », note le Pr Saint-André.
Autre point positif, la filière PluriPASS propose aux jeunes d'élaborer deux projets professionnels en première année de licence, l'un en rapport avec le domaine de la santé, l'autre non. « Ce travail contribue à la maturation d'un projet alternatif, d'autant que les étudiants sont informés du fait que de nombreuses possibilités autres que les études de santé leur sont offertes à l'issue du 4e semestre », poursuit le Pr Saint-André. L'impact de cette mesure pourra être mesuré dans quelques années.
Des efforts nécessaires sur la diversification des profils
Toutefois, l'auteur du rapport souligne un « déficit d'attractivité », surtout pour l'AlterPACES. Le nombre d'étudiants engagés dans ce dispositif est faible, ceux qui se présentent « aux épreuves d'admission encore plus faibles avec un taux de succès de l'ordre d'un tiers », précise le Pr Saint-André. En 2015-2016, 18 étudiants (hors université de Saint-Étienne) ont emprunté ce parcours et ont été admis. Un résultat probablement lié au « manque de communication auprès des étudiants », admet le Pr Jean-Luc Dubois-Randé, président de la conférence des doyens.
Second accroc, la diversification des profils n'est pas au rendez-vous alors que c'est pourtant l'un des objectifs majeurs. En PluriPASS, « la quasi-totalité des admis dans les filières santé sont des bacheliers S avec mention », constate le Pr Saint-André. Pour l'AlterPACES, les étudiants intégrant le dispositif viennent principalement des licences science de la vie ou physique-chimie. Seules les facs franciliennes ont ouvert leurs portes à d'autres disciplines et permettront à terme une vraie diversification.
Enfin, pour améliorer les alternatives à la PACES, le Pr Saint-André préconise « de prévoir une ou deux années transitoires d'augmentation des numerus clausus » et des moyens humains supplémentaires.
Fin janvier, sept nouvelles facultés vont se porter candidates pour mettre en place de nouvelles expérimentations.
La question d'une sélection à l'entrée des études de médecine ayant été écartée par les pouvoirs publics, les doyens souhaitent, avec la relance des expérimentations, faciliter pour le plus grand nombre de bacheliers qui s'inscrivent dans les études de santé l'accès à un diplôme de niveau Bac +5.
« L’accès au secteur 2 pour tous, meilleur moyen de préserver la convention », juge la nouvelle présidente de Jeunes Médecins
Jeu concours
Internes et jeunes généralistes, gagnez votre place pour le congrès CMGF 2025 et un abonnement au Quotidien !
« Non à une réforme bâclée » : grève des internes le 29 janvier contre la 4e année de médecine générale
Suspension de l’interne de Tours condamné pour agressions sexuelles : décision fin novembre