La médecine ne s'apprend pas uniquement dans les livres.
Les carabins brestois de 5e année de médecine ont pu découvrir la semaine dernière diverses facettes des sciences humaines et sociales (SHS) indispensables à la pratique de leur métier. Écouter activement son patient, avoir de l'empathie sans sympathie, trouver les mots justes dans les moments délicats... Chaque sujet a été décortiqué au cours de douze ateliers encadrés par des professionnels de santé, psychologues et anthropologues…
« L'objectif de ce séminaire était de prendre le temps de la réflexion sur les pratiques professionnelles actuelles ou futures et de croiser le regard des sciences médicales et humaines », explique le Pr Christian Berthou, doyen de la faculté de Brest, selon qui la dimension humaine n'est pas assez présente dans le cursus de médecine.
Défouloir pour les jeunes
Au premier étage de la fac, une session dédiée à la gestion du stress rassemble une trentaine d'étudiants. Pendant quatre heures, les langues se délient. Les carabins partagent et analysent des situations stressantes vécues à l'hôpital lors de leurs stages.
Globalement, les urgences, les désaccords d'équipe, la prise de décision sont désignées comme des sources de tension importantes. « Parfois, on rencontre des problèmes avec la hiérarchie », témoigne une étudiante. « Deux chefs te donnent un avis différent et tu ne sais pas quoi faire ! », relate un autre. « On te demande de faire une prise de sang et ça fait quatre ans que tu n'en as pas fait, c'est le stress », lâche un carabin.
Après un rapide sondage dans la salle, la majorité des carabins préfère se taire face à leur chef ou au patient plutôt que de répondre à une question sans être sur de la réponse. « Quand je pose une question, on me dit "tu devrais le savoir ça !" », explique une étudiante.
Les témoignages se succèdent, et les experts le Pr Olivier Huet, chef de l’unité de réanimation chirurgicale de la Cavale Blanche, le Dr Benjamin Garnier, urgentiste au CHU de Brest, Lolita Mercadié, psychologue et Gabriel Ollivier, pilote de ligne, tentent de dissiper les craintes des étudiants en distribuant des clés pour gérer le stress professionnel. « Vous appréhendez le regard des autres, soit vous êtes en face d'un praticien qui se moque de vous, soit il va vous répondre et vous aurez appris quelque chose, réplique le Pr Huet. Une façon de gérer le stress est de se dire qu'on apprend et qu'on est là pour ça. »
Faire appel aux compétences non cliniques
En petit groupe, une étudiante évoque un accouchement par césarienne difficile et la réaction courageuse du médecin en charge de l'intervention. « Le bébé était en position transverse, la chef de clinique n'arrivait pas à l'attraper, il y avait du sang partout, c'était la panique et moi je sentais que je n'avais rien à faire là », raconte-t-elle. Pour le Dr Garnier, gérer le stress fait appel à des compétences non cliniques qu'il faut transmettre aux étudiants. « L'identification du leader, la synergie de groupe, la communication et la conscience professionnelle permettent d'anticiper, explique-t-il. Vous pouvez toujours proposer de l'aide, il y a toujours quelque chose à faire. »
À l'issue du séminaire, la magie a opéré. « Cette discussion nous a permis de parler de sujets qui nous ont marqués et sur lesquels nous nous posions mille questions », réagit une étudiante.
Un modèle à étendre
Les carabins espèrent que l'ensemble des modules seront intégrés au cursus de médecine, notamment l'atelier « Annoncer une mauvaise nouvelle » qui a connu un joli succès. Ravi du bon déroulement du séminaire, le Pr Berthou souhaite rédiger un ouvrage de référence pouvant servir de modèle pédagogique aux autres facs. « La 5e année me paraît être le niveau de maturité optimal pour ce séminaire, précise-t-il. Nous réfléchissons pour en organiser un pour les étudiants du premier cycle. »
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