À un an de la refonte de la première année commune aux études de santé (PACES), les inquiétudes se multiplient chez les doyens face au travail gigantesque qu'il reste à fournir.
À la rentrée 2020, la PACES et le numerus clausus disparaîtront. À la place, les universités proposeront de nouvelles modalités d’accès aux études de santé (médecine, maïeutique, odontologie et pharmacie, dit MMOP). L'objectif ? En finir avec le gâchis humain de ces milliers d'étudiants qui ne sont pas reçus au concours et qui ont du mal à se réorienter. Autre but affiché par le gouvernement : diversifier les profils jugés très mathématico-scientifiques.
Les étudiants auront désormais deux voies possibles pour rejoindre médecine. La première : une année spécifique (nommé portail santé) axée sur des enseignements en santé et complétée par une touche de cours en dehors de ce champ (droit, économie, philosophie, etc.). La seconde : un accès via une licence générale (droit, mathématiques, physique) enrichie d'une mineure santé.
Pour entrer dans une filière MMOP, les étudiants issus des deux voies candidateront à des épreuves d'admissibilité en fin d'année.
Une troisième voie sera possible après une formation paramédicale conduisant au titre ou diplôme d'État d'auxiliaire médical d'une durée d'au moins trois ans.
Goulots d'étranglement
Si, sur le papier, la réforme apparaît comme audacieuse, sur le terrain, le stress est palpable dans les facs. L'organisation de nouveaux cursus est complexe. Pour que la réforme fonctionne et que les étudiants soient réorientés correctement en cas d'échec, les universités doivent ouvrir une palette importante d'enseignements hors santé lors de l'année spécifique afin d'éviter des goulots d'étranglement dans les licences générales. « Plusieurs universités, notamment en Ile-de-France, se montrent intéressées pour ouvrir des parcours multidisciplinaires, offrant plusieurs enseignements hors santé. Il y a un grand travail à faire afin que l'ensemble des universités déterminent leurs propres parcours, analyse le Pr Sibilia, président de la conférence des doyens. Certaines vont réclamer des dérogations pour s'organiser sur deux ou trois ans. » À cela s'ajoute un calendrier très serré. Les universités doivent être dans les clous en décembre en vue de l'ouverture de Parcoursup début 2020. Les attendus devront aussi être précisés.
L'organisation n'est pas l'unique source d'appréhension. Les doyens s'inquiètent également du financement de cette réforme hors normes. Frédérique Vidal a débloqué à ce titre 6 millions d'euros. Mais pour la conférence, ce sera probablement insuffisant. « Il nous faut des moyens complémentaires pour le recrutement et les contenus pédagogiques, insiste le Pr Sibilia. Il faut au moins deux équivalents temps plein en plus dans les équipes qui géreront les flux d'étudiants entre l'année spécifique et les licences avec mineure santé et qui s'occuperont également de l'organisation des examens, des inscriptions et du jury. » La nouvelle pédagogie prévoit aussi plus de travaux pratiques en petit groupe, ce qui sous-entend une multiplication des salles et de facto du nombre d'enseignants. « Le volume d'heures enseignées réclame un recrutement d'enseignants. Il faudra se réorganiser », complète le Pr Djillali Annane, vice-président de la conférence.
Surcoût
D'autres points de vigilance ont été soulevés sur l'architecture de la réforme, en particulier sur les épreuves et les critères d'admissibilité, les modalités d'évaluation et la répartition du nombre d'étudiants entrant dans une filière MMOP via l'année spécifique ou la licence générale, toujours en réflexion. Les premiers retours d'expériences de la PACES adaptée parisienne – qui a instauré des oraux – reportent une organisation complexe doublée d'un surcoût non négligeable.
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