Ils ont leur place dans les salons étudiants, bénéficient de locaux dans les facultés et rassemblent des milliers de bénévoles : les tutorats ont creusé leur trou. Aujourd'hui, une quarantaine de « tutos » existent dans les facs de médecine. Seuls certains territoires ultramarins en sont parfois dépourvus.
Incarnation du compagnonnage médical, ces structures – institutionnelles, associatives ou corporatistes – proposent une pré-rentrée, des concours blancs, exercices corrigés, fiches de cours, polycopiés d’annales et un soutien psychologique pour épauler les inscrits en première année des études de santé (PACES). Un accompagnement gratuit ou à très faible coût que l'ANEMF évalue à 39 euros en moyenne par an et par étudiant – contre 25 fois ce montant (1 000 euros en moyenne mais parfois beaucoup plus) pour les jeunes voulant suivre une prépa privée.
Les dernières statistiques (2016) font état d'environ 4 000 tuteurs en France, principalement des étudiants en 2e année et 3e année – pour plus de 45 000 étudiants. Le succès est au rendez-vous. En 2017, 1 200 étudiants (soit 90 % de la promo) étaient inscrits par exemple au tutorat de Clermont-Ferrand pour 354 tuteurs ce qui a valu la fermeture d'une des prépas privées de la zone… Pour autant, les officines privées sont encore promises à un bel avenir. À Marseille, une trentaine d'écuries commerciales se disputent les 2 800 PACES. Au niveau national, l'ANEMF chiffrait à 50 % le nombre de P1 inscrits à des cours privés en 2016.
Des couleurs, gage de qualité
Les « tutos », comme les surnomment les carabins, se sont armés face à l'offre du privé. Il y a cinq ans, les jeunes ont choisi de délivrer chaque année un agrément de couleur « or, argent ou bronze », gage de qualité et d'émulation. Il est calculé selon plusieurs critères (organisation, modalités des colles, innovations, avantages, etc.) auxquels correspond un score par points. Depuis deux ans, c'est même au ministère de l'Enseignement supérieur que l'ANEMF organise la remise d'agréments aux tutorats, un signal fort de reconnaissance. « Avoir trouvé un écho auprès des ministères a permis de faire avancer les choses, notamment les discussions avec les doyens sur les moyens financiers nécessaires ou la communication auprès des jeunes », explique Pierre-Adrien, l'un des membres du bureau.
Mais le système des agréments trouve ses limites. En 2018, « 90 % des tutorats ont récolté entre 30 et 37 points sur 37 », souligne Aurore Trameçon, l'ex-chargée des tutorats à l'ANEMF. Plus de 20 tutorats ont obtenu l'agrément or. « On arrive au stade où tout le monde remplit des critères de qualité. Que faire de plus ? ».
Certains tutorats ont inscrit le bien-être carabin à leur programme, une thématique porteuse. A Toulouse, on offre des temps de sophrologie aux « PACES » pour souffler ; à Paris 6, ce sont des running-tuto qui sont organisés ; à Paris Descartes, des laser game ; et à Clermont-Ferrand, le tutorat prépare à manger aux candidats une fois par semaine juste avant les colles. Des initiatives qui infusent…
Plateforme nationale
Autre évolution cette année, la plateforme nationale d'entraînement des tutorats pour les PACES baptisée « Tutorat santé ». Elle permet aux inscrits de répondre aux QCM et de passer des concours blancs. Près 30 000 QCM ont déjà été saisis.
Enfin, pour gagner en visibilité, un site commun « Tutorat PACES », encore en maintenance, détaillera les coordonnées des corpos et tutorats. Des notes explicatives sur la PACES, les expérimentations et les réformes prochaines seront accessibles. Un moyen d'éclairer les lycéens et les parents souvent perdus entre les prépas privées et les tutorats. « On ressent une vraie amélioration, juge Aurore Trameçon. Mais il y a encore un travail à faire pour déconstruire le cliché "Si tu n'as pas de prépa tu n'as pas ta PACES"»
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