LE QUOTIDIEN : On vous a accusé d’avoir émaillé vos cours magistraux de propos nauséabonds – sexistes, homophobes, racistes. Puis l’enquête de l’IGAENR vous a totalement dédouané. Quelles leçons tirez-vous de cette séquence ?
LE PR GILLES FREYER : Pour être blanchi, il faut avoir été sale. Or, après 20 ans d’enseignement et de soins aux malades au CHU de Lyon sans jamais connaître le moindre problème, je suis entré dans la cage aux « phobes », comme disait le philosophe Philippe Muray. J’ai été accusé par un réseau de gens qui croient qu’accoler le suffixe « phobie » à n’importe quoi leur permet... d’éradiquer leur contradicteur et de régner dans leur monde totalitaire. C’est ce que certains appellent les nouveaux fascistes universitaires.
Au premier instant, j’ai été sidéré ! Je n’ai pas compris ce qu'il s’est passé. Les accusations étaient délirantes et ont été balayées par les inspecteurs de l’IGAENR [Inspection générale de l'administration de l'Éducation nationale et de la Recherche]. Il y a aujourd’hui des tribunes d’intellectuels contre les violences morales et physiques infligées à des universitaires comme moi.
On vous a reproché d’utiliser vos cours de sciences humaines et sociales en PACES comme tribune idéologique. Comment vous défendez-vous ?
Il n’y a pas lieu de se défendre, ces accusations ne tiennent pas debout ! C’est la raison pour laquelle je publie ce livre dans lequel j’expose mon enseignement et je défends une pensée libre sur l’ensemble de ces sujets [la question des races, le sexe, le genre et les relations hommes/femmes, l'euthanasie médicale, l'idéologie anti-pharma, etc.].
Il est très important de comprendre que ce n’est pas le Pr Freyer et ses opinions qui s’expriment mais de nombreux auteurs de tous les bords intellectuels. Je fais aussi venir à Lyon-Sud, dans l’amphithéâtre, des gens qui ont des opinions diamétralement opposées aux miennes. La pluralité est respectée. Mais surtout, l’IGAENR explique que les étudiants sont matures et doués d’esprit critique. L’université est, et doit rester, un lieu de débats.
Vous utilisez une expression forte dans votre livre, « La fabrique du salaud ». Qu’est-ce que cela signifie ? Vous êtes-vous senti soutenu par vos confrères , votre hiérarchie ?
La « fabrique du salaud » consiste à brosser le portrait outrancier du salaud intégral qui a donc tous les défauts. Il ne me manquait plus que catholique intégriste et pervers sexuel...
Dans cette affaire, j’ai été extrêmement soutenu par ma doyenne, le Pr Carole Burillon, par un grand nombre de collègues également mais malheureusement ce fut le silence du côté des institutions. L’hôpital était peu concerné et ne m’a apporté aucun soutien et l’Université a été silencieuse dans l’attente du couperet de l’IGAENR qui pouvait tomber. Ici, le risque psychosocial du PU-PH, personne n’en a rien à faire ! Il y a des réseaux d’aide, des cellules de soutien, heureusement que mes collègues étaient là ainsi que ma faculté. Il faut continuer à diriger son service malgré toutes les saloperies qu’on vous déverse.
À titre personnel, est-ce que vous avez modifié vos méthodes d’enseignement ou certains contenus ?
La censure fait son œuvre... La faculté a été la cible de plusieurs attaques, ma doyenne a été mise en cause, des journalistes ont récolté des informations – en théorie confidentielles – du conseil d’administration. Nos nouveaux enseignements commencent en janvier, nous n'aborderons aucun des sujets « sensibles » traités en 2019 et qui ont fait l'objet des accusations. Concession à la censure pour avoir la paix.
Est-ce que vous admettez que l'auditoire étudiant, en première année, mérite des précautions particulières ?
Mais l’IGAENR souligne précisément la maturité des étudiants ! Ils ont la maturité pour voter et se marier. Ils ont la possibilité de critiquer et de réfuter ! Et pour ce qui est de la provocation, nous sommes dans des facs de médecine, les lieux de l'esprit carabin. Les étudiants rient beaucoup. En 20 ans, il n’y a pas un étudiant qui a été se plaindre.
*« Dénoncer et bannir ou L'obscurantisme progressiste », Jacques André éditeur, 356 p., 24 euros.
Exergue1/ Nous sommes dans des facs de médecine, lieux de l'esprit carabin
Exergue 2/ Heureusement que mes collègues étaient là ainsi que ma faculté
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