L'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) a la gueule de bois. Si elle salue toujours les objectifs de la réforme de la PACES – moins de bachotage et de risques psychosociaux, diversification des profils, réorientations facilitées – elle craint désormais que le processus d'entrée dans les études de santé ne soit pas à la hauteur des espérances en raison du manque de soutien financier et de transparence.
La concertation laisse un goût amer à la jeune génération. Faute de cadrage national encore suffisant, « nous voyons apparaître des dérives très préoccupantes sur une grande partie de nos établissements », alerte Maxime Tournier, vice-président chargé de l'enseignement supérieur à l'ANEMF. Pour l'association, il est même difficile de retrouver la philosophie originelle de la réforme « dissimulée derrière la trop grande liberté d'application des universités ».
Des voies d'accès floues
Sur le papier, les universités devront proposer au moins deux voies d'accès aux filières santé MMOP (médecine, maïeutique, odontologie et pharmacie) sur Parcoursup début 2020. Ce schéma permettra aux étudiants d'intégrer les formations de santé après des épreuves de sélection au terme d'une nouvelle année spécifique en santé (portail santé) ou à la faveur d'une licence générale proposant une mineure santé.
Mais sur le terrain, peu d'universités ont amorcé les travaux préparatoires pour créer ces parcours pédagogiques et certaines n'ont pas lancé la concertation. « Le programme du futur portail santé, censé diverger de celui de la PACES actuelle, est encore loin de se dessiner dans bon nombre d’établissements, souligne Maxime Tournier. Dans certains d’entre eux, il s’agit même de faire "coller" les enseignements du portail santé à ce qui existait avant, contrant toute la logique de la réforme. »
Les jeunes redoutent aussi les modalités pratiques des futures « épreuves d'admission ». L'ANEMF voudrait des garanties pour assurer une évaluation globale et transversale de tous les étudiants. Or, « peu d'universités semblent avoir la capacité d'aller plus loin que deux entretiens oraux (...) Cela est parfois dû à l'absence de volonté mais aussi à des contraintes en termes de moyens humains, logistiques et financiers », poursuit l'ANEMF. Le risque de sélection « à la carte » est pointé du doigt.
Le financement de la réforme reste le nerf de la guerre. Frédérique Vidal, ministre de l'Enseignement supérieur, a alloué 6 millions d'euros à ce chantier pour 2020. Mais l'ANEMF juge le coût des travaux au minimum trois fois supérieur (17,7 millions).
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