En finir avec les ECN, moderniser le post-internat, combattre les risques psychosociaux mais aussi réviser les statuts et les rémunérations ! Dans un document dense de 32 pages, l'Intersyndicale nationale des internes (ISNI) propose une ordonnance pour améliorer le quotidien des « juniors » et redonner du sens au métier médical.
La formation initiale est un chantier prioritaire. Dans la droite ligne des réflexions ministérielles actuelles, l'ISNI propose de repenser le second cycle des études médicales, jusqu'au concours de l'internat inclus. « Actuellement, ni les compétences spécifiques de l'étudiant dans la spécialité, ni le goût qu'il a pour celle-ci, ni la cohérence de son projet professionnel n'ont leur place pour déterminer son avenir, seul le rang au concours décide de ce qu'il aura le droit de pratiquer pendant les 40 prochaines années », se désole la structure jeune. L'ISNI recommande la valorisation d'un parcours plus personnalisé où l'étudiant s'ouvre à des sujets comme l'éthique, le management ou la recherche ainsi qu'une « méthode de régulation moins arbitraire » que les ECNi actuelles.
Concernant l'internat lui-même, l'ISNI appelle de ses vœux une évaluation systématique des capacités de formation pour chaque spécialité et le recensement des terrains situés dans le privé – avec un taux de stages minimum à y réaliser. Le syndicat plébiscite l'ouverture d'internats pluriprofessionnels dans toutes les structures de soins éloignées du centre universitaire.
Un statut de soignant/médecin et un C à 50 euros
La refonte des statuts de soignants universitaires est au programme. Pour les titulaires, l'ISNI recommande de décliner le statut de praticien universitaire (PU) pour tous les soignants – en ville comme à hôpital, en soins primaires, secondaires ou tertiaires.
Le post-internat n'échappe pas au remodelage imaginé par les jeunes. L'ISNI veut gommer les écarts salariaux entre chef de clinique et assistant des hôpitaux et arrêter un statut unique de « soignant médecin ». Quant aux fonctions du post-internat, elles doivent se décliner pour l'exercice de ville, permettant aux jeunes d'avoir « une valence d'enseignement ou de recherche » même en dehors des structures hospitalières.
Côté rémunération, l'ISNI voit grand. En ville d'abord, le syndicat imagine un C de base unique « fermement relevé à 50 euros », qui pourrait être modulé par le temps passé avec le patient, le niveau de recours et l'implication ou non dans la permanence des soins. « Une patientèle précaire, polypathologique, en zone sous-dense, âgée doit induire un multiplicateur au tarif », peut-on lire.
À l'hôpital cette fois, les internes souhaitent la création de grilles salariales indépendantes de celles du soin pour rémunérer « les activités de recherche, d'enseignement et de représentation/management médicale ». Il convient aussi d'ajouter des échelons à la grille indiciaire des praticiens hospitaliers « en prenant en compte le niveau d'expertise ». Enfin, l'ISNI réclame toujours l'application aux internes du temps de travail additionnel (TTA), non obligatoire, afin de valoriser les heures supplémentaires « faites de manière totalement bénévole et illégale ».
Méditation et débriefing
La lutte prioritaire contre les risques psychosociaux, très présents chez les soignants, doit permettre de redonner du sens au métier. L'ISNI réclame la généralisation des outils de formation à la détection des médecins et étudiants en détresse afin de créer « des veilleurs » au sein de la communauté de santé. L'Intersyndicale plaide aussi pour des « expérimentations » sur la gestion du stress et de l'environnement extérieur : méditation, la pleine conscience, cellules de débriefing.
Dernière doléance : alors que la féminisation de la profession ne se dément pas, l'ISNI réclame une « parité de fait » passant par la surveillance des déséquilibres dans les progressions de carrière. Pour le syndicat des internes, « le respect de la parité doit faire partie de l'évaluation des facultés et des centres hospitaliers ».
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