À l'heure où sonne la disparition de la première année commune aux études de santé (PACES) et du numerus clausus, les représentants des étudiants en santé (médecine, pharmacie, soins infirmiers, kinésithérapie, maïeutique), mais aussi les jeunes managers du secteur de la santé, expriment leur volonté de jouer collectif et de resserrer leurs liens, comme vient de le montrer une journée d'étude nationale*, le 7 novembre à Paris
« On croise dans les services des kinés, des médecins ou des ergothérapeutes et on ne se dit jamais : "on se prend du temps pour bosser tous ensemble sur la prise en charge du patient ? ". C'est quand même incohérent ! », témoigne Ludivine Gauthier, présidente de la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (FNESI). Ce sentiment de solitude et d'isolement est largement aujourd'hui partagé par les étudiants des filières santé et traduit une réalité qu'ils aimeraient changer à court terme.
CPTS, MSP et DMP : la coopération gagne ses lettres de noblesse
De fait, les études de santé fonctionnent largement « en silo ». Un paradoxe au moment où la collégialité doit s'ancrer dans toutes les pratiques avec le déploiement des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), des maisons de santé pluridisciplinaires (MSP) ou avec la généralisation annoncée du dossier médical partagé (DMP), outil dédié à l'interprofessionnalité. Emmanuel Macron a même été plus loin en décrétant la disparition de l'exercice isolé « à l'horizon 2022 » lors de la présentation du plan santé mi-septembre.
Mais sur ce plan, les jeunes semblent plus ouverts que leurs aînés. « On a une médecine technique qui n’est pas assez centrée sur la globalité du patient, justement parce qu'on ne collabore pas entre professionnels de santé, regrette Clara Bonnavion, présidente de l'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF). Chacun a son domaine de compétences. Mais si le patient n'a un contact qu'avec une seule profession, il ne traitera qu'une partie de la question. Il faut accepter de coopérer, je suis sûre qu'on peut trouver des moyens et des protocoles pour suivre les patients dans leur globalité ».
Intelligence collective
Côté formation, une première pierre dans la collaboration a été posée à la rentrée universitaire 2018 avec la mise en place du service sanitaire. 47 000 étudiants en santé (médecine, pharmacie, odontologie, maïeutique, kinésithérapie et soins infirmiers) sont pour le moment concernés par ce module obligatoire dans leur cursus pour l'obtention du diplôme. En petits groupes, ils doivent conduire des missions de prévention dans les écoles, entreprises, maisons de retraite et autres lieux de vie. D'autres formations (ergothérapie, orthophonie, etc.) seront concernées dès 2019.
Mais les jeunes générations en santé veulent aller plus loin et connaître le plus tôt possible les compétences – et les contraintes – de leurs pairs. « On imagine de l'interprofessionnalité dès la 2e ou 3e année. Les étudiants doivent absolument être informés des contours des autres métiers, explique Clara Bonnavion. Mais il est surtout important de pratiquer. » Sur ce dernier point, beaucoup voudraient des modules communs. « La simulation est déjà généralisée mais pas entre les métiers eux-mêmes alors qu'on pourrait réaliser des actes avec d'autres professions, apprendre à coopérer et briser la glace », ajoute-t-elle.
Les jeunes managers demandeurs
Même les futurs directeurs d'établissements jouent l'ouverture. « Les professionnels de santé, nous ne les rencontrons que lors de nos stages. Nous n’avons pas l'occasion de les voir avant, c'est un axe d'amélioration de notre formation », admet Marion Bousquet, élève à l'École des hautes études en santé publique (EHESP).
L'appétit pour la coopération et la pluridisciplinarité va loin. Pour les jeunes, la refonte des études de santé doit non seulement permettre d'inclure systématiquement des modules interpro mais aussi de développer les sciences humaines dans les unités d'enseignements ou de s'ouvrir à des cours dispensés par des patients experts.
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