La révolution numérique au salon Cité Santé de Nancy

L'hôpital virtuel de Lorraine sort de ses murs

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Publié le 30/03/2017
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Crédit photo : Sophie Martos

Vitrine de la e-santé (pour les professionnels et le grand public), le salon Cité Santé, dont la deuxième édition vient de se tenir à Nancy, permet aussi de faire briller la région Grand Est, terreau fertile d'innovations dans ce domaine.

« Nous avons des start-up prometteuses, une offre de formation médicale pointue ainsi que des entrepreneurs, souligne Isabelle Margo, fondatrice du salon. Je voulais que tous ces acteurs se rencontrent et créent des projets ensemble ». Une ambition partagée par le vice-président de la métropole Grand Nancy, François Werner, qui assure même « vouloir partir à la conquête du pays » sur ce terrain.  

Circuit médico-chirurgical 

Un premier pari a été gagné avec le succès de l'école de chirurgie Nancy-Lorraine, le « plus grand centre de formation européen », se félicite le Dr Nguyen Tran, son fondateur et codirecteur. En 2014, l'école de chirurgie et le centre universitaire d'enseignement par simulation (CUESIM) se sont réunis pour former l'hôpital virtuel de Lorraine. Ce mariage vise à créer un circuit médico-chirurgical complet de formation initiale et continue à destination des futurs chirurgiens, praticiens en exercice et plus largement des professionnels de santé (infirmiers de bloc, étudiants STAPS, pharmaciens, etc.), férus de nouvelles technologies.

Plus de 4 000 personnes poussent la porte de cet hôpital virtuel chaque année, sur le site de la fac de médecine. Désormais, huit blocs opératoires, deux robots chirurgiens da Vinci, dix mannequins et plus d'une centaine de simulateurs sont disponibles. « Il fédère les différents outils numériques et pédagogiques » dernier cri, s'enorgueillit le Pr Marc Braun, doyen de la faculté de médecine de Nancy. Grâce à la simulation – robotique, mannequins, serious game – les jeunes peuvent s'exercer sur des cas complexes avant d'être confrontés à la réalité du terrain. 

« Il faut être minutieux »

Dans la salle d'exposition du salon, le stand présentant l'hôpital virtuel de Lorraine, le plus spacieux, attire les foules. Des techniciens et carabins proposent de se glisser dans la peau d'un chirurgien et d'expérimenter les outils – mannequins et simulateurs robotiques.

La casaque bleue est de mise. Après un briefing, les formateurs lancent le premier exercice de simulation robotique. Devant la console inspirée d'un cockpit, les yeux rivés sur l'écran, des étudiants ou des curieux tentent de manipuler les instruments chirurgicaux. « L'objectif est de gagner en dextérité et en technicité. Il faut être minutieux », détaille Erwan, animateurs de l'atelier, habitué au milieu aéronautique. Les tests peuvent se dérouler en binôme (chirurgien/assistant). À la fin de l'exercice, un score s'affiche sur l'ordinateur. Il traduit l'efficacité, le délai, la tenue des instruments, manière d'objectiver ses performances et de corriger les imperfections.

Juste à côté, un nouveau simulateur de coloscopie et d'endoscopie est disponible. La machine, imposante, est munie d'un long tuyau et de manettes ajustables permettant de faire pivoter la sonde délicatement dans l'œsophage ou le colon fictif. Là aussi des exercices sont proposés. Le premier permet d'apprendre à manier l'instrument ; des indicateurs définissent le niveau de douleur ressenti par le patient. Le second, plus complexe, détaille un cas clinique : « femme de 30 ans, mouvements irréguliers du colon, analyse biologique normale, examen parasitaire négatif ». L'étudiant doit réaliser un examen pour détecter une anomalie. Sur l'écran, le graphisme du colon est « fidèle à la réalité », constate une femme, bluffée, tout près de l'équipement.

Réalité virtuelle et 3D dans les tuyaux

L'école de chirurgie voit les choses en grand. Le Dr Tran planche sur de nouveaux outils pédagogiques : une salle hybride pour travailler sur la 3D et la réalité virtuelle, un bloc opératoire fictif où les praticiens munis de leurs lunettes connectées et gants à capteurs pourraient s'exercer à opérer avec d'autres professionnels à l'autre bout de la France.

Cité Santé a ouvert ses portes au grand public. « Nous souhaitons montrer à la population la manière dont on forme nos jeunes et rendre moins anxiogène les procédures chirurgicales et examens médicaux », précise le Pr Braun.  

 

De notre envoyée spéciale Sophie Martos

Source : Le Quotidien du médecin: 9568