La récente parution d'une circulaire sur le temps de travail des internes indigne l'Intersyndicat national des internes (ISNI), qui dénonce une remise en cause du repos de sécurité et craint les répercussions sur les conditions de travail des jeunes médecins.
Concrètement, la circulaire, adressée aux agences régionales de santé et aux directeurs d'établissements (entre autres), suggère d'apporter de la souplesse dans le cadre réglementaire du temps de travail « afin d'adapter la déclinaison opérationnelle des dispositions relatives aux astreintes ».
Ces dérogations pourraient prendre forme « en fonction de la nature des organisations médicales, des activités et des spécificités propres aux différentes spécialités ».
Par exemple, lit-on, « lors d'une astreinte de week-end assurée du vendredi soir au lundi matin, l'interne est susceptible, selon la nature de l'activité, de ne pas pouvoir bénéficier d'un repos de sécurité de onze heures consécutives : le règlement intérieur devrait alors prévoir des modalités de dérogation aux règles du repos de sécurité ». Il pourrait s'agir de la prise d'un repos durant la journée du lundi en cas de déplacements au cours du week-end.
Manque de concertation
Le syndicat des internes s'agace autant du contenu du décret, véritable « opportunité de variable d'ajustement des effectifs du personnel médical » offerte aux directions d'établissement, que de sa conception, dont il a été tenu à l'écart.
« Nous avons rencontré les équipes de Marisol Touraine sur la question du temps de travail des internes le 4 septembre, enrage Baptiste Boukebous, président de l'ISNI. Nous avons réclamé un recadrage du projet de décret tel que présenté à l'époque. Depuis, aucune nouvelle ni concertation sur la version définitive du texte, que nous avons finalement découverte publiée en ligne. C'est inacceptable ! »
Feu aux poudres
La question du temps de travail des praticiens en général et des internes en particulier est l'un des dossiers les plus sensibles du monde hospitalier. Récemment rappelée à l'ordre par Bruxelles pour non-respect de la réglementation européenne, la France a ramené le temps de travail des internes à 48 heures hebdomadaires en mai 2015.
Cette nouvelle déconvenue pourrait mettre le feu aux poudres, prévient l'ISNI. « Remettre en question le repos de sécurité énerve énormément, a constaté Baptiste Boukebous parmi ses troupes. Des mots comme "grève" réapparaissent sur les réseaux sociaux. C'est un dossier très très chaud. »
L'ISNI a d'ores et déjà réclamé un nouveau rendez-vous avec le cabinet de Marisol Touraine. Le syndicat espère être reçu dans le courant de la semaine prochaine.
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