9 440 maîtres de stage des universités (MSU) en médecine générale contre seulement 4 700 en 2010 ! Le Pr Vincent Renard, président du Collège national des généralistes enseignants (CNGE), a dressé un bilan positif du taux de recrutement des MSU lors du congrès du collège à Tours qui se termine ce vendredi. « 850 MSU se sont formés cette année. Nous avons dépassé notre objectif de recrutement. On sera proche des 10 000 en janvier, soit 20 % du corps professionnel », s'enthousiasme-t-il.
Encore du chemin
Si l'effectif a largement augmenté cette année, traduisant l'engagement de la profession, il reste insuffisant pour accueillir l'ensemble des étudiants du second cycle et des internes de médecine générale.
L'objectif affiché par le CNGE est de 12 000 MSU à court terme. « Ce chiffre doit permettre le développement des stages ambulatoires, d'affiner le maillage territorial et de permettre l'éventuel déploiement de la 4e année » du diplôme d'études spécialisées (DES) de médecine générale, explique le Pr Renard.
Pour les jeunes, la priorité reste d'assurer d'abord les stages obligatoires de l’internat. Car le manque de MSU se ressent toujours sur le terrain. « À peine la moitié des internes réalisent un SASPAS [stage ambulatoire en soins primaires en autonomie supervisée NDLR] et seuls 16 % réalisent un stage santé de la femme et de l'enfant en ambulatoire. C'est en stage que l'interne acquiert ses compétences », souligne Lucie Garcin, présidente de l'Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (ISNAR-IMG).
Nouvelle formule
La nouvelle formule de l'internat (depuis 2017) ajoute une pression supplémentaire. L'année 2020 signera la sortie des 1er diplômés du nouveau DES de médecine générale. La nouvelle maquette impose un passage obligatoire en SASPAS en troisième année. Malgré le calendrier serré, l'ISNAR-IMG se veut optimiste. « Nous n'y sommes pas encore mais nous avons bon espoir », poursuit-elle.
Néanmoins, sans un nombre adéquat de MSU, pas question pour les internes d'envisager l'allongement de leur diplôme (DES) à 4 ans. Prévoyante, l'Intersyndicale a déjà imaginé l'aménagement de cette 4e année consacrée au projet professionnel de l'interne. L'enjeu est double. L'accompagnement du MSU doit permettre un ancrage de l'étudiant dans le territoire et favoriser son installation. Les enseignants également en faveur d'une 4e année en médecine générale soutiennent le jeunes.
Toutefois, le ministère de l'Enseignement supérieur ne semble pas être sur cette ligne. Dans une interview au « Généraliste », publiée le 22 novembre, Frédérique Vidal estime que « l’ajout d’une quatrième année ne s’impose pas ».
Une charte pour l'encadrement
En attendant d'y voir plus clair, le recrutement de MSU est une nécessité mais ne devra pas se faire au détriment de la formation. Les internes « doivent être accueillis dans de bonnes conditions pédagogiques, rappelle le Dr Sophie Augros, généraliste, MSU et déléguée à l'accès aux soins au ministère de la Santé. On connaît trop d'internes qui nous disent qu'ils sont reçus par les maîtres de stage pour faire du remplacement déguisé. Il faut garantir la pédagogie des stages, sinon, c'est vraiment dégoûter les internes de la médecine générale ambulatoire ».
Afin d'assurer un encadrement qualitatif, enseignants et internes de médecine générale ont élaboré une charte des MSU. Elle définit les obligations de formations du maître de stage et l'encadrement de l'interne. Elle mentionne que le MSU doit disposer de locaux adaptés ou refuser de recevoir des représentants de l'industrie pharmaceutique en présence de l'interne. Elle précise le nombre d'actes en autonomie envisageable en fonction du niveau du jeune généraliste et le nombre d'actes maximum à pratiquer par l'encadrant. « 15 000 actes par an, c'est trop, reprend le Pr Renard. L'étudiant trinque au niveau pédagogique. Or, il est là pour apprendre et confronter son point de vue ».
« L’accès au secteur 2 pour tous, meilleur moyen de préserver la convention », juge la nouvelle présidente de Jeunes Médecins
Jeu concours
Internes et jeunes généralistes, gagnez votre place pour le congrès CMGF 2025 et un abonnement au Quotidien !
« Non à une réforme bâclée » : grève des internes le 29 janvier contre la 4e année de médecine générale
Suspension de l’interne de Tours condamné pour agressions sexuelles : décision fin novembre