Alors que le gouvernement réforme de la cave au grenier l'accès à l'université et que les expérimentations d'alternatives à la première année commune des études de santé (PACES) se terminent d'ici à un an, le débat sur le numerus clausus fait un retour fracassant sur le devant de la scène.
La semaine dernière, le Dr Olivier Véran, député LREM d'Isère et ancien « monsieur santé » d'Emmanuel Macron est monté au créneau médiatique pour rappeler au Président de la République sa promesse de campagne : « relever » voire remettre à plat un dispositif « périmé », « injuste et inefficace ».
Dans la foulée, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a annoncé vendredi dernier au micro d'Europe 1 qu'« un travail sur la formation médicale et sur le concours d'entrée doit être fait » et sera l'objet d'annonces « dans l'année 2018 ». Sans aller jusqu'à se positionner clairement sur le destin du numerus clausus, la ministre a reconnu l'existence d'« un enjeu qui est de mieux sélectionner nos médecins, de mieux les former ». C'est dans ce contexte plus favorable au changement que le secteur spécule sur l'avenir de ce dispositif qui met en compétition chaque année plus de 58 000 étudiants.
Numerus apertus ?
Certains ont déjà prévu l'oraison funèbre. C'est le cas du Dr Olivier Véran, qui réclame depuis longtemps un enterrement de première classe. Cette année, 8 205 étudiants seront admis en second année de médecine, 1 % de plus qu'en 2017. Cette hausse n'est pas une réponse suffisante pour le neurologue du CHU de Grenoble. Il propose d'instaurer un numerus apertus, c'est-à-dire un seuil plancher et non plus un plafond. « Aujourd'hui, on adapte l'offre de soins aux capacités de formation et non aux besoins », argue-t-il. Et d'ajouter : « Il faudrait donner la main aux doyens pour savoir combien d'étudiants il faut former au minimum ».
La conférence des doyens des facultés de médecine plaide pour plus d'autonomie. « Nous sommes assez favorables à une régulation régionale par les universités. Les capacités d'accueil sont hétérogènes en fonction des régions », explique le Pr Jean Sibilia, vice-président de la conférence. Pour les doyens, il faut abandonner ce verrou anxiogène car le système a atteint ses limites. « Il est contourné par les étudiants qui partent réaliser leur cursus dans d'autres pays européens et il est vécu comme une contrainte pour ceux qui restent », résume le Pr Sibilia. Plus du quart des nouveaux inscrits à l'Ordre ont obtenu leur diplôme à l'étranger.
En revanche, les doyens jugent qu'il faudra respecter le principe de réalité. On ne peut pas envisager une refonte du numerus clausus et une autonomie accrue des facultés sans réfléchir aux moyens financiers et pédagogiques. En somme : quid des locaux et des équipes administratives et d'enseignement ?
Ne pas ouvrir (trop) les vannes
Si les carabins partagent en partie le point de vue des doyens sur l'intérêt de la réflexion autour des études médicales, pas question de payer les conséquences d'une réforme mal ficelée.
« Nous sommes attachés à une régulation du nombre de médecins formés car les capacités de formation à la fac sont limitées, explique Yanis Merad, président de l'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF). Mais on ne peut pas ouvrir les vannes, les terrains de stages sont saturés. Cela jouera sur la qualité de formation ». Pour le chef de file des étudiants en santé, rien n'est tout blanc, ni tout noir. Pragmatique, l'ANEMF milite pour un autre modèle de régulation, fondé sur des outils statistiques afin de déterminer avec raison les besoins de santé en population, dans le temps et de manière prospective.
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