Ostéopathie : bras de fer entre les écoles recalées et les partisans du grand ménage

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Publié le 15/07/2015

Crédit photo : Crédit photo : Phanie

Quatorze écoles d’ostéopathie se trouvent aujourd’hui dans la tourmente et sont menacées de fermeture après la parution, le 9 juillet au « Journal officiel », des décisions délivrant un agrément à 23 établissements de formation pour les cinq prochaines années.

Le ministère de la Santé a en effet recalé ces 14 écoles, après avis de la commission consultative nationale composée pour moitié de représentants des pouvoirs publics et pour moitié d’ostéopathes exclusifs, de médecins et de kinésithérapeutes ostéopathes. En vertu de la nouvelle réglementation, les établissements ont été jaugés sur la base de 24 critères portant sur l’organisation et la gouvernance de l’école, l’expérience de l’équipe pédagogique ou encore leurs capacités d’accueil.

Pourquoi ça coince ?

Plusieurs écoles n’acceptent pas d’être ainsi écartées du monde de la formation et ont décidé de contre-attaquer. C’est le cas d’Ostéobio : l’institut, qui accueille près de 350 étudiants de cinq promotions à Cachan, a annoncé le dépôt d’un « référé en suspension de la décision de non-agrément ». « Notre dossier a été refusé sur la base d’arguments juridiques grotesques », affirme au « Quotidien » David Dessauge, le directeur de cet institut créé en 1988. Il cite des reproches selon lui infondés concernant l’accès de l’établissement aux personnes handicapées, le référentiel de formation ou le nombre insuffisant de coordinateurs pédagogiques. David Dessauge se dit persuadé qu’Ostéobio « gêne l’ordre établi » et paie la création des deux premières consultations hospitalières en ostéopathie (à Villeneuve-Saint-Georges et à Saint-Cloud).

L’école de l’ex-président du SML sur la touche

Parmi les 14 établissements recalés figure également le collège d’ostéopathie du pays basque (COPB), créé en 2008, et qui accueille 150 étudiants à Biarritz. Le directeur du collège, le Dr Christian Jeambrun (ancien président du Syndicat des médecins libéraux), juge cette décision « intolérable » car elle met en danger une entreprise locale employant 52 enseignants et 6 personnels administratifs. Le COPB prépare « les différents recours possibles », « avant d’intenter si nécessaire, toutes actions devant les juridictions administratives ». En dépit de la décision ministérielle, le collège a décidé de maintenir la date de rentrée au 5 octobre.

Les étudiants des établissements recalés se mobilisent. A l’institut d’ostéopathie de Bordeaux, ils ont lancé une pétition pour demander au ministère de reconsidérer sa décision.

À Nice, une manifestation est prévue ce jeudi pour soutenir le centre Altman (Sophia Antipolis), qui a perdu son agrément. Plusieurs établissements n’ayant pas obtenu ce précieux sésame déposeront à nouveau un dossier modifié en septembre 2015. « Nous vous demandons de ne pas réagir dans la précipitation et d’attendre des explications plus précises », précise sur son site Internet la Andrew Taylor Still academy (autre école refusée).

Appel à la fermeté

Alors que les écoles non agréées organisent leur riposte, sept syndicats d’ostéopathes (médecins, kinésithérapeutes et exclusifs) appellent au contraire le gouvernement à tenir le cap face aux contestations des écoles qui ont été privées de leur droit d’enseigner. Ils pressent le ministère de « maintenir la plus grande fermeté face aux réactions normales et attendues d’entreprises privées qui voient leurs activités économiques menacées », affirment le SMMOF, Ostéos de France, l’UMKO, le SFDO, Ostéopathes de France et la Chambre nationale des ostéopathes (*), dans un courrier à Marisol Touraine.

Avec des frais d’inscription parfois compris « entre 7 500 et 8 000 euros par an », « on touche là à des intérêts financiers importants », fait valoir à l’AFP Philippe Sterlingot, président du SFDO, qui soutient la réforme de Marisol Touraine.

De nombreux étudiants des écoles non agréées se trouvent en situation précaire et s’interrogent sur l’opportunité de changer ou non d’établissement. Le SFDO a annoncé la création d’une page Internet qui recense les places disponibles par école, mise à jour quotidiennement, pour permettre à l’ensemble des étudiants concernés de trouver un établissement d’accueil.
 

 

(*) La FFMKR n'a pas signé ce texte, contrairement à ce que nous avions écrit initialement.


Source : lequotidiendumedecin.fr