Crise sanitaire oblige, la seconde partie du concours de la première année commune aux études de santé (PACES) a été repoussée et réorganisée par toutes les facultés à partir du 15 juin.
Mais le respect strict des consignes de sécurité sanitaire (mesures barrières, matériel de protection, choix et réaménagement des sites d'examen…) donne du fil à retordre aux organisateurs. Et certaines facs, comme Toulouse et Marseille, n'ont pu faire autrement que de modifier et raboter les épreuves elles-mêmes. Elles ont raccourci leur durée et réduit le nombre de QCM au grand dam de nombreux étudiants qui dénoncent une situation injuste.
À Toulouse, les unités d'enseignement (UE) du tronc commun seront regroupées en une seule épreuve d'1 h 15 contre cinq épreuves d'une durée totale de 4 h 40 habituellement. Plus précisément, l'UE 3 « Bases physiques des méthodes d'exploration - aspects fonctionnels » passe de 20 QCM pour 1 h d'épreuve à 7 QCM pour 20 min. Les UE spécifiques à chaque filière subissent le même sort...
Les élus étudiants de Toulouse Rangueil et Purpan dénoncent ces modifications à la hussarde. « Le concours dure 2 h 30, le tout sur une journée ! Auparavant, c'était 7 h 30 sur quatre jours et demi. Les conditions ne permettent pas une sélection pertinente », juge Anatole Le Guillou, l'un des élus étudiants. Une pétition mise en ligne il y a quelques jours a recueilli près de 2 000 signatures, expliquant que le concours PACES à Toulouse ne peut se tenir dans ces conditions...
Casse-tête
Le manque de moyens humains et logistiques explique ces compromis décidés en urgence. 2 400 candidats sont inscrits en PACES et répartis sur trois facultés (Purpan, Rangueil et Maraîchers). Le concours se déroule chaque année au parc des expositions en une semaine. Chaque fac a son créneau, son programme et ses épreuves, une organisation déjà complexe en routine qui devient un casse-tête en période de crise.
« La fac estime ne pas avoir les ressources pour assurer de bonnes conditions de sécurité sanitaire. Il y a trop d'étudiants, il faut gérer les entrées et les sorties, les étudiants atteints du Covid-19, ceux qui sont à risque ou encore les lieux où ils peuvent se restaurer. Autre difficulté, le parc des expositions sera en travaux fin juin, limitant considérablement les dates disponibles », détaille encore l'élu étudiant de Toulouse.
Les élus carabins ont demandé d'allonger la durée des épreuves et d'augmenter le nombre de QCM pour respecter le travail fourni et ne pas brader cette PACES. Ils souhaitent aussi modifier les coefficients afin de moins valoriser les QCM du deuxième semestre par rapport au premier.
Contactée, l'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF), soutient le combat des élus locaux. « Moins il y a de questions, moins c'est discriminant, explique Maxime Tournier, en charge de l'enseignement supérieur. Certains étudiants comptent sur le deuxième semestre pour se rattraper ».
Nous soutenons les revendications des @élus_rangueil et @ElusPharmaTls des concours #PACES.
— ANEMF (@ANEMF) May 11, 2020
Il est nécessaire d'investir en moyens humains et logistiques pour garantir une sécurité sanitaire décente et respecter le travail des #étudiants. @sup_recherche @MinSoliSante https://t.co/Xmz6V29eOc
La blague continue
Également contactés, les élus étudiants de Marseille n'ont pas souhaité s'exprimer. Mais sur les réseaux sociaux, les modalités raccourcies des épreuves font réagir comme sur le groupe « Et ça se dit médecin ».
Et la blague continue ! A Marseille, de même qu'à Toulouse, les futurs médecin, Sage-femme, pharmaciens, dentistes,...
Publiée par Et ça se dit Médecin sur Jeudi 7 mai 2020
« Même si le contexte est exceptionnel et qu'il est difficile d'organiser les épreuves, quand même, quel irrespect pour tout le travail fourni par les étudiants », commente un jeune. « Ont-ils pensé au tirage à la courte paille pour ce S2 ? Y a-t-il une explication réelle et sérieuse à ce nouveau concours sous cette forme », ironise un autre.
Contacté ce mercredi, le président de la conférence des doyens de médecine, le Pr Patrice Diot, précise au « Quotidien » que les universités ont le droit de modifier les règles du jeu. « Le virus circule toujours, toutes les facultés n’ont pas les mêmes effectifs, elles s'adaptent en fonction de leur situation et ce n'est pas de gaieté de cœur, souligne-t-il. Mais il est important de maintenir le concours pour préserver l'équité. »
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Jeu concours
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