Le tirage au sort dans les filières tendues, y compris en première année commune aux études de santé (PACES), a été acté dans une circulaire publiée ce jeudi dans le « Bulletin officiel » du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche
Le texte définit les règles et les procédures d'admission en première année de licence et en PACES, lorsque les candidats sollicitent une pré-inscription via le portail d'admission post-bac (APB).
Dans les filières tendues, pour départager les étudiants, ce texte donne la priorité aux candidats de l'académie d'obtention du bac, à sa ville de résidence et à l'ordre de ses vœux. Le statut familial fait son entrée en tant que critère d'admission. La priorité serait alors accordée aux mariés, pacsés, en concubinage ou ayant une ou plusieurs personnes à charge.
Toutefois, si à l'issue de cette procédure, le nombre de candidats excédait encore la capacité d'accueil de la filière, le texte prévoit l'autorisation du tirage au sort.
Étudiants en colère
Initialement, ce texte était un projet d'arrêté. Il avait été présenté en conseil de l'enseignement supérieur et de la recherche (CNESER) début janvier 2017 et vivement critiqué par les jeunes. C'est pourquoi, il avait été retiré de l'ordre du jour et n'avait pas été débattu depuis. La Fédération des associations étudiantes (FAGE), dont l'Association nationale des étudiants en médecine (ANEMF) est adhérente, accuse le cabinet de Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, d'avoir fait passer le texte en catimini à quelques jours de l'élection présidentielle. « Ce changement majeur a ainsi été opéré par circulaire sans dialogue entre le ministère et les organisations représentatives étudiantes », s'insurgent-elles.
« Une telle mesure serait totalement aberrante et irait à l'encontre du principe fondamental du droit d'accès à l'enseignement supérieur cher aux étudiants en médecine, réagit Antoine Oudin, président de l'ANEMF. Cela ne fait qu'apporter encore une fois la preuve de la nécessité d'investissements conséquents dans l'enseignement supérieur. Il faudra que le futur gouvernement se saisisse de ce sujet pour garantir aux futurs étudiants une qualité d'étude qui, aujourd'hui malheureusement, tend à se dégrader. »
Trahison
« Si les capacités d'accueil sont atteintes, ce n'est pas aux étudiants d'en pâtir », poursuit le représentant des carabins. Plusieurs alternatives ont été déployées par les doyens des facultés de médecine, fortement demandées, telles que le dédoublement des cours, le suivi numérique etc.
Les doyens ont également exprimé leur colère ce vendredi*. « Le tirage au sort est à l'évidence le moyen le plus absurde de sélectionner les futurs professionnels de santé », fulminent-ils. Les directeurs d'UFR refusent « les solutions faussement simples, humainement inacceptables et absurdes sur le plan académique. » La conférence des doyens redoute que le tirage au sort, « procédé inique et inégalitaire » pousse les étudiants déçus du système français et qui en ont les moyens à contourner le numerus clausus pour se former l'étranger avant de revenir passer les ECN en France, « ajoutant une seconde injustice ».
Cette décision est d'autant plus vécue comme une trahison par les étudiants que Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'Éducation nationale et le secrétaire d'État à l'Enseignement supérieur, Thierry Mandon, avaient assuré en septembre que le tirage au sort n'était « pas à l'ordre du jour » pour la PACES. Le ministère a confirmé à l'AFP qu'il n'y aurait pas de tirage au sort cette année pour accéder en première année commune. Sans s'engager sur ce qu'il adviendra ensuite.
*Article mis à jour ce vendredi 28 avril à 17h30
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