LE QUOTIDIEN : Vous souhaitez supprimer les épreuves classantes nationales (ECN). Pourquoi et par quoi les remplacer ?
Pr JEAN-LUC DUBOIS-RANDE : Les ECN incarnent une confusion. C'est un examen de classement uniquement fondé sur les connaissances qui décide de l'avenir des étudiants par défaut. Les carabins ne choisissent pas leur spécialité, ils attendent et se disent : "je verrai bien à ce moment-là ce que je prends". C'est une anomalie !
Il faut imaginer un autre système de régulation sur le principe d'appariement entre un candidat et un poste à l'échelle nationale. Le score associé à ce « matching » serait réalisé selon trois critères : les connaissances, grâce à un nouveau référentiel ; les compétences, en valorisant les acquis de stage ; le parcours de l'étudiant afin de récompenser les prises d'initiative.
Le nombre de postes par spécialité et par région sera régulé par le ministère de la Santé. Nous n'inventerons pas de postes. Les étudiants formuleront leurs vœux par famille de spécialités – et non parmi les 44 spécialités. Pas question de créer une usine à gaz ! Nous essayons de retrouver un peu d'air dans les études. Nous ne voulons plus subir le classement ECN.
En quoi l'organisation du second cycle va-t-elle changer ?
Nous encouragerons les doubles parcours sur le management, l'éthique, la recherche, l'entreprenariat ainsi que la mobilité. Les stages à l'étranger sont exceptionnels. Les étudiants ne sont pas du tout préparés à s'échapper du moule PACES/ECN. Grâce à cette réforme, ils pourront prendre des initiatives sans être pénalisés pas dans le temps. Nous souhaitons également revaloriser les stages à l'hôpital et hors les murs.
Quid d'un contrôle continu ?
Les étudiants ne veulent pas d'un grand soir. Le contrôle continu peut poser des problèmes techniques car toutes les facultés ne sont pas dans le même temps d'apprentissage des connaissances.
En revanche, on peut imaginer deux examens de connaissances théoriques en cinquième année qui permettraient de travailler tout le programme. Le premier serait fondé sur les notions clés avec des référentiels de connaissances allégés. Le second balaierait les spécialités sans pour autant entrer dans le 3e cycle. Ces deux épreuves n'auraient pas pour objectif de sanctionner l'étudiant. La 6e année serait une année de préparation au 3e cycle. Les étudiants testeraient plusieurs spécialités et pourraient éventuellement faire demi-tour en cas de mauvais choix.
Comment évaluer les compétences cliniques ?
La 6e année sera conclue par un certificat de compétence clinique (CCC) harmonisé sur tout le territoire qui signerait l'entrée dans le 3e cycle. Cet examen anonymisé pourrait se dérouler sous forme de vignettes, de simulation, de jeux de rôles, d'ECOS [examen clinique objectif structuré, NDLR]. Il y aura un niveau requis. Les étudiants européens passeraient également le CCC. Le portail d’entraînement aux examens SIDES serait ouvert à tous. Enfin, un portfolio permettrait de suivre les choix de parcours et les acquis. Les compétences en stage seront testées et évaluées. In fine, nous cherchons à accompagner l'étudiant et non à le sanctionner.
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