La refonte du 3e cycle des études médicales continue de diviser la spécialité d'anesthésie-réanimation et les partisans de la future médecine intensive-réanimation (MIR).
Las de la tournure de cette réforme et du report d'une réunion qui était prévue au ministère de la Santé ce lundi, plusieurs syndicats d'anesthésistes-réanimateurs ont déposé un préavis de grève nationale pour le vendredi 31 mars. La menace planait depuis plusieurs semaines.
« La dislocation de notre spécialité au détriment de la santé publique sous l'influence de quelques personnalités partiales n'est pas tolérable », attaquent les anesthésistes libéraux du SNARF, les hospitaliers du SNPHARe et du SMARNU, et le nouveau Syndicat des jeunes anesthésistes-réanimateurs (SNJAR), soutenus par le collège et le conseil national de la spécialité. Ces organisations visent sans les citer les Prs Benoît Schlemmer, qui pilote la réforme du 3e cycle, et Djillali Annane, conseiller de Marisol Touraine en charge des études médicales, tous deux réanimateurs.
Polémique sur les effectifs à former
Depuis plusieurs mois, les syndicats d'anesthésistes-réanimateurs s'opposent à la répartition des postes d'internat initialement programmée par le gouvernement pour la rentrée 2017 au sein du futur co-DES (DESAR MIR). Une première mouture proposait 459 postes pour les futurs internes d'anesthésie-réanimation et 97 à la nouvelle filière MIR. Une répartition qui exaspère les anesthésistes-réanimateurs, ces derniers craignant de ne plus accéder aux formations et aux unités de réanimation et d'être cantonnés demain au bloc opératoire.
Selon le Dr Franck Verdonk, président du SNJAR, la volonté d'ouvrir 97 postes de MIR n'est pas cohérente avec les besoins démographiques et les capacités de formation. « Cette proposition de répartition a été faite au doigt mouillé sans aucune concertation, affirme-t-il. Un important travail des coordonnateurs et des internes de la spécialité a permis de montrer qu'une trentaine de postes pour la nouvelle filière serait un nombre plus adapté. »
Il y a quelques semaines, le collège national professionnel de médecine intensive-réanimation estimait au contraire à 150 le nombre de réanimateurs à former par an dès 2017 afin de couvrir les besoins.
Échec de la conciliation
La tentative de conciliation de la DGOS (ministère), qui avait évoqué une possible révision des flux d'internes, n'a pas permis de trouver une sortie de crise.
Le dialogue entre les deux spécialités est devenu de plus en plus tendu. Les doyens ont même regretté ce conflit fratricide. La situation a-t-elle atteint un point de non-retour? Les syndicats d'anesthésistes-réanimateurs croient savoir que les MIR ont proposé « la création d'une nouvelle maquette de formation des réanimateurs en autonomie complète avec la suppression du stage d'anesthésie en phase socle », bref la création d'un DES à part entière...
Dans ce contexte, les anesthésistes sont donc prêts à entrer en grève le 31 mars. « Nous prévoyons une journée morte avec un arrêt d'activité au bloc et en réanimation et une grève de la permanence des soins d'au moins 24 heures », explique le Dr Franck Verdonk, qui précise que les urgences seront prises en charge.
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