Lorsqu’elle était venue inaugurer l’an dernier le nouveau bâtiment de La Riche (4 000 m2, deux amphis de 800 places, un budget de 12 millions d’euros, pour accueillir les 1 600 PACES), Marisol Touraine l’avait appelée « faculté de santé ».
La langue de la ministre et subsidiairement ex-présidente du conseil d’Indre-et-Loire n’avait pas fourché : « Si la médecine reste le noyau dur, avait-elle expliqué, il y a nécessité à forger des liens entre tous les professionnels de santé. » C’est une « révolution d’organisation et de coopération, avait-elle insisté, pour moderniser et harmoniser les études des professionnels de santé et développer la formation en ambulatoire. » Le Centre serait-il un laboratoire de l’enseignement de la médecine de demain ?
« Notre faculté se projette sur les six départements qui composent la région », souligne le doyen Patrice Diot, professeur de pneumologie devenu en quelque sorte aménageur de territoire de santé. Sous sa houlette et celle du patron de la région, François Bonneau, du directeur de l’ARS, Philippe Damié, et du président de l’Université François Rabelais, le dermatologue Loïc Vaillant, une charte en dix engagements vient d’être adoptée. Elle entre en application dès cette rentrée 2015 pour envoyer les étudiants faire leurs stages à l’extérieur du seul CHRU de la capitale tourangelle, actuellement aux taquets, dans les centres hospitaliers de Dreux, Chartres, Châteauroux, Blois et Orléans, sur un territoire de plus de 300 km de côté.
Un collegium régional de santé va ainsi se déployer avec des acteurs nouveaux : les GHT, groupements hospitaliers de territoire, les maisons de santé pluridisciplinaires (MSP) qui vont être labellisées sur le plan universitaire, les maîtres de stages universitaires, équivalents de chefs de clinique, ainsi que des assistants universitaires territoriaux en charge du lien entre les GHT et les MSP. Des minibus seront affrétés et des programmes d’hébergement sont prévus pour faciliter la vie des stagiaires de deuxième et troisième cycles.
« En lançant ce programme de développement durable de santé, notre ambition est double, note le Pr Diot : densifier le maillage territorial en améliorant l’attractivité de la région, d’une part, faire vivre aux étudiants l’interdisciplinarité, d’autre part, à la fois dans des séminaires qui regrouperont diverses formations en santé et dans des structures pluridisciplinaires comme les MSP. »
« Nous voulons faire tomber les cloisons entre étudiants des différentes filières, précise le Pr Henri Marret, vice-doyen, pour les habituer à travailler ensemble dans des réseaux locaux de soins. En luttant contre l’isolement des praticiens sur le terrain, nous développons une stratégie anti-désertification. »
Mutualisation à tous les étages
À Tours, cette interdisciplinarité est à tous les étages. Par exemple, le centre régional de simulation, créé en 2014 dans le bâtiment Dutrochet, joue la carte de la complémentarité avec les établissements hospitaliers membres du réseau HUGO (Hôpitaux universitaires du grand Ouest) ; il s’ouvre à des apprentissages transversaux qui font appel à la psychologie et aux sciences humaines. Les étudiants, tout comme les médecins lors des séances de FMC, s’y exercent à une approche globale et autonome des situations de crise. Sur l’immense plateau de dissection aussi, héritier de la prestigieuse école tourangelle d’anatomie, à la pointe avec ses équipements de micro-anatomie, des équipes internationales de chirurgie croisent des chercheurs de différentes spécialités et appartenant à diverses structures.
« Une culture commune des médecins et des professions de santé est en train de se constituer, se félicite Loïck Vaillant, ouverte aux autres sciences, à la physique, aux sciences humaines et sociales, avec par exemple le département sciences du langage, qui travaille sur l’autisme. » Au-delà, « le savoir-faire, au sein de pratiques de plus en plus spécialisées et techniques ne doit surtout pas escamoter le savoir-être, renchérit le doyen ; c’est parfois aussi la culture tout court qui mérite d’être accueillie à la fac, pour exercer les étudiants à s’ouvrir à plus d’esprit créatif. »
Dans la nouvelle salle des Actes, trônent deux fresques monumentales du peintre Olivier Debré, pour attester que l’art est ici à sa place. Et dans le hall, les posters réalisés par les diverses promos attestent que les étudiants ne sont pas en reste pour faire œuvre d’invention.
La « faculté de santé » ouvre des pistes qui évidemment ont des coûts. L’argument financier n’est d’ailleurs pas étranger à la course à la mutualisation des équipements. « Il nous faut inventer des modèles économiques et trouver sans cesse de nouveaux moyens pour pérenniser nos projets, confie le doyen Diot, même si nos besoins sont loin d’être inconvenants… »
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