Le verdict est tombé pour Camille et les 8 123 candidats aux dernières épreuves classantes nationales informatisée (ECNi). Plutôt bien classée, cette étudiante parisienne espère décrocher la spécialité et le lieu d’affectation de son choix.
Pourtant, au soir des résultats, ce 29 juin, Camille est effondrée, elle fond en larmes. Elle éprouve même de la honte en découvrant son classement. Pourquoi ? La jeune femme s’en explique dans une lettre ouverte qu’elle a rédigée le lendemain (voir ci-dessous).
Très critique envers les ECN, un concours qu’elle juge « injuste », « violent », et qui « dresse les étudiants les uns contre les autres », Camille adresse surtout un message de réconfort, de solidarité et de fierté à tous ses camarades. « On a bossé très dur pendant 6 ans. Quel que soit notre classement, on peut être fier de ce qu’on a fait », explique-t-elle au « Quotidien ».
L’annonce des résultats est un événement difficile à gérer pour de nombreux carabins. « Pendant les années qui précèdent, on se construit un projet, on est obligé de se projeter au-delà des ECN. Mais tout cela peut s’écrouler en un instant si on n’est pas assez bien classé, regrette Camille. C’est terrible de se dire que tout notre avenir se joue en grande partie sur le hasard. »
Même lorsque vous êtes brillant et bosseur, les résultats réservent des surprises. Elle cite l’exemple d’un ami, major en P1, qui va devoir renoncer à la spécialité à laquelle il aspirait. « Parce qu’il est passé à côté pendant quelques jours, tout est remis en question. Tous ses projets s’évanouissent. Il va devoir se reconstruire complètement. »
« On se sent nul »
À cela s’ajoute un fort sentiment de dépréciation. Camille évoque le conditionnement des carabins, poussé à l’extrême dans certaines facs. « On vous rabâche que vous êtes dans la meilleure fac, qu’il faut terminer dans les 1 000 premiers, les profs vous écrasent de leur ambition. »
Conséquence : le sentiment de dépréciation peut-être très important le jour J lorsque le résultat n’est pas à la hauteur. « On a honte, on se sent nul, témoigne la jeune femme qui a constaté les dégâts auprès de nombreux camarades de promotion. Pourtant, il ne s’agit que d’un concours… des QCM. Ça ne dit pas si vous serez un bon médecin ou pas, si vous serez à la hauteur devant vos patients ! »
L’étudiante n’est pas naïve. Elle connaît les règles du jeu et le caractère impitoyable des concours, en médecine ou ailleurs. Mais elle aspire à des épreuves plus pertinentes, reflétant mieux l'attitude des candidats à leur future spécialité. « Malgré les efforts, les ECN restent très théoriques. Il n’y a pas assez de clinique, comment on fait tel geste, etc. On pourrait également tenir compte de l’appréciation des profs durant les stages que l’on fait », suggère-t-elle.
Camille regrette également les conditions au cours desquelles le classement est annoncé : « C’est un fichier PDF qui tombe, on ne sait même à quelle heure. Ensuite vous êtes seul face aux résultats, seul à encaisser. » Un paradoxe, estime-t-elle, alors que l'enseignement en médecine met beaucoup l'accent sur l'empathie envers les patients…
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