Cinquante internes ont organisé, dans la nuit du 8 au 9 avril dernier, une grande fête clandestine dans les locaux de l’internat de médecine sur le site de Rangueil du CHU de Toulouse. Tandis que, scandalisée, la direction de l’hôpital a lancé une enquête administrative, le parquet de Toulouse a ouvert, de son côté, une enquête judiciaire confiée aux policiers de la sûreté départementale.
Au CHU de Toulouse, c’est la crise dans la crise. En pleine pandémie, alors que les médecins de l’hôpital exhortent régulièrement les citoyens à ne pas baisser la garde sur les gestes barrières, ils alertaient encore récemment sur des hospitalisations en hausse continue, et des semaines très difficiles à craindre jusqu’à la fin du mois d’avril. Le mauvais exemple est pourtant venu des internes en médecine de l’établissement. « Nous sommes à la fois attristés et scandalisés par ce qui s’est passé », a réagi le Pr Didier Carrié, cardiologue et doyen de la faculté auprès du « Quotidien ». « D’après les informations que nous avons, cette soirée réunissait au moins 50 personnes dans le mépris total des gestes barrières, en pleine pandémie et couvre-feu. »
Aucun écart
Le déroulement de la soirée, qui comptait de nombreux participants, a été constaté par des vigiles de l’hôpital qui ont ensuite signalé les faits, mais elle n’a pas été interrompue le soir même. Inacceptable, selon la direction du CHU qui a depuis diligenté une enquête administrative.
Dans un communiqué officiel, elle rappelle qu'elle avait adressé, avec les doyens de médecine et le président de la commission médicale de l’établissement, un courrier aux internes, en novembre dernier, pour leur rappeler « l’impérieux respect des gestes barrières ainsi que l’interdiction formelle de rassemblements ». « Visiblement, cela n’a pas suffi, regrette le doyen Carrié. Nous savons que les internes vivent en ce moment des moments délicats en soignant notamment de nombreux patients atteints par le COVID. Néanmoins, nous avions prévenu que nous ne tolérerions aucun écart dans cette période. »
L’internat de Rangueil situé au cœur de l’hôpital, héberge une cinquantaine de personnes, essentiellement des internes de première année et quelques médecins étrangers en formation. L’enquête en cours doit permettre de déterminer l’identité des organisateurs et des participants.
Enquêtes personnalisées
Les convives étaient-ils tous internes ? Du personnel soignant et d’autres étudiants en médecine étaient-ils également présents ? « Peut-être, mais nous n’avons pas encore les réponses, c’est pourquoi nous allons dès aujourd’hui procéder à des enquêtes personnalisées puisque nous connaissons chaque interne logé sur place, indique le Pr Carrié. En fonction de ce qu’il en ressortira, le CHU décidera de porter plainte dans les tout prochains jours et personnellement en tant que doyen, je suis totalement solidaire avec la direction. »
De même, l’association des internes des hôpitaux de Toulouse, qui déclare ne pas avoir été « informée de cette soirée », pourtant organisée dans un des bâtiments dont elle a la responsabilité, condamne « vigoureusement ce rassemblement » et indique vouloir participer « aux démarches en cours ».
En attendant, l’internat de Rangueil a été fermé à titre conservatoire le week-end dernier. Le CHU indique d'ailleurs « qu’il se réserve également la possibilité d’une fermeture systématique de l’internat tous les week-ends jusqu’à la fin de la crise sanitaire ».
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