Alors que depuis quelques semaines des matchs de football sont régulièrement arrêtés à cause de messages ou chants homophobes dans les tribunes, c'est au tour du syndicat étudiant UNEF Auvergne de demander des sanctions contre les auteurs de tels faits… dans la faculté de médecine de Clermont-Ferrand. Dans un long post diffusé le 28 août dernier sur les réseaux sociaux, l'association dit stop au harcèlement et au bizutage en PACES. La cause de ce cri d'alerte ? Une série de posts diffusés sur un groupe Facebook d'étudiants de Clermont-Ferrand. On peut notamment y lire : « Les bizuths sont des pd, des connards, des enculés » et autres phrases poétiques à destination des nouveaux arrivants en PACES.
[Thread]
— UNEF Auvergne (@UNEFAuvergne) August 28, 2019
Harcèlement et bizutages en PACES à l’UCA, nous demandons des sanctions !
« Les bizuths sont des pd, des connards, des enculés. [...] Un bon bizuth est un bizuth MOOOORT. Une bonne bizuth est une bizuth qui SUUUUCE. Une seule solution, la SODOMISATION. » pic.twitter.com/cUEhe4Dlqs
Les captures d'écran de ces publications, supprimées depuis, ont été remontées à l'UNEF (Union nationale des étudiants de France) par une étudiante souhaitant dénoncer ces faits graves. « Le bizutage est une tradition qui continue d’humilier et marginaliser les minorités sous l’œil complaisant des professeurs qui souvent y participent, par leur inaction ou leurs rires. L’administration ne réagit pas non plus. De plus ces violences ont lieu sur les réseaux sociaux et dans les amphis », confie-t-elle à l'UNEF. « Ces propos sont intolérables et il est temps de mettre fin à tout ça », ajoute la présidente de l'association Anna Mendez.
Cas isolé ?
Contactée par Le Généraliste, l'Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf), par le biais de sa nouvelle présidente Roxane Hellandsjö-Prost, condamne ces débordements et invite à ce « qu'aucun amalgame ne soit fait ». « Ces pratiques n'existent pas seulement dans la filière médecine », nuance-t-elle. Roxane Hellandsjö-Prost insiste également sur le « travail de sensibilisation et de pédagogie » d'ores et déjà effectué par les associations étudiantes, les facultés et les ministères pour éviter ce type d'incident. « Une charte contre le bizutage et les débordements des soirées étudiantes a notamment été signée l'an passé avec le ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche », rappelle-t-elle.
Un « torchon abject » selon le doyen
Du côté de la faculté de Clermont-Ferrand, le doyen Pr Pierre Clavelou qualifie les propos tenus par l'auteur des posts Facebook de « torchon abject, diffamant et ordurier ». Selon lui, ce type de comportement ne reflète pas le travail mené au sein de la faculté pour combattre le harcèlement. « Je suis très attentif à cela, assure le neurologue. Nous appliquons une tolérance zéro sur les débordements et nous estimons qu'en médecine, encore plus qu'ailleurs, les étudiants ont un devoir d'exemplarité. »
Le doyen assure notamment qu'aucun débordement n'a été signalé l'an passé et qu'un travail de prévention a été effectué auprès des étudiants, notamment dans le cadre du traditionnel week-end d'intégration. « Avec le représentant des étudiants, nous avons rédigé et diffusé à tous les participants une charte prônant le respect, la tolérance et la sobriété et cet événement s'est très bien passé », cite-t-il en exemple. Le Pr Clavelou regrette toutefois la forme qu'a pris cette affaire. « Nous aurions préféré que l'étudiante nous le signale directement afin qu'aucun amalgame ne soit fait sur les réseaux sociaux mais si cela peut faire bouger les choses… Il faut que cela cesse », ajoute-t-il.
Joint par Le Généraliste, le président de la conférence des doyens le Pr Jean Sibilia rappelle également que des « commissions "bien-être étudiants" ont été mises en place dans toutes les UFR ». « Nous sommes très sensibles à ce sujet important et agissons avec conviction dans nos facultés pour empêcher et si besoin réprimer ces actes et ou propos inacceptables », poursuit-il. Mercredi prochain, le doyen de Clermont-Ferrand recevra l'étudiante ayant signalé ces débordements et « des sanctions disciplinaires seront discutées » concernant l'auteur des posts Facebook, assure le Pr Pierre Clavelou.
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