À la veille de la présentation de la loi santé en conseil des ministres, ses deux premiers articles relatifs à la réforme des études médicales, font débat. À ce stade, on ne sait pas encore concrètement ce qui remplacera la première année commune aux études de santé (PACES) et les épreuves classantes nationales informatisées (ECNi). L'incertitude plane également sur les modalités de sélection exactes des futurs étudiants en médecine avec la suppression du numerus clausus (NC) à la rentrée 2020. De quoi inquiéter les futurs médecins et les représentants des universités.
L'objectif est que la loi Buzyn soit votée d'ici à cet été, notamment pour entériner la suppression du numerus clausus et de la PACES avant la prochaine rentrée. Le temps est compté puisqu'il faut paramétrer Parcoursup avant l'été pour que les étudiants bénéficient du nouveau mode de recrutement à la rentrée 2020. La suppression des ECNi est pour sa part prévue pour 2022.
À la place du numerus clausus, le gouvernement souhaite laisser chaque université décider du nombre d'étudiants qu'elle peut former en fonction de ses capacités d'accueil. Un travail qui sera fait en négociation avec les Agences régionales de santé (ARS), qui identifieront aussi les besoins de formation sur le territoire. En bref, il s'agit de « changer de méthode pour passer à une initiative des acteurs » a précisé lors d'un point presse le Pr Isabelle Richard, doyenne de la faculté d'Anger et membre du cabinet ministériel de Frédérique Vidal, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.
20 % de médecins formés en plus
Agnès Buzyn a révélé ce mardi matin au micro de France Inter que la réforme entraînerait une augmentation à terme de « 20 % à peu près du nombre de médecins formés ». « Il faut aussi pouvoir les accueillir et les former et nous ne pouvons pas monter drastiquement en puissance en une année », a-t-elle ajouté.
Les études médicales resteront donc bien sélectives, bien qu'à l'heure actuelle, les modalités de passage en 2e et 6e années demeurent floues. Le texte de loi ne l'explique pas et un décret devra préciser notamment les parcours de formation possibles pour entrer dans la formation. Ces modalités seront élaborées sur la base des recommandations du Pr Jean-Paul Saint-André, rendues aux ministres de la Santé et de l'Enseignement supérieur en décembre dernier.
Les parlementaires, qui examineront la loi santé à l'Assemblée nationale à partir de la mi-mars, n'auront donc certainement pas tous les éléments de réforme en leur possession lors du vote. Le gouvernement est-il allé trop vite en besogne en s'attaquant à une réforme couplée des 1er et 2e cycles des études médicales ? C'est ce que pense le président de l'Intersyndicat national des internes Antoine Reydellet, intervenu ce mardi matin lors d'un débat de l'Ordre des médecins portant sur le contenu de la loi. « Nous nous interrogeons sur la rapidité de mise en place de cette réforme alors que celle du 3e cycle est toujours en cours », a-t-il confié.
Calendrier « trop serré » ?
Certains doyens de facultés de médecine, également présents à ce débat, n'ont pas caché leurs craintes. Le Pr Djillali Annane, doyen de la fac de Versailles, s'inquiète de ce « calendrier serré » alors que dans le même temps la loi prévoit « la transformation complète de l'organisation des CHU, l'outil de formation des internes ». Les représentants de jeunes et des facultés se questionnent aussi sur la professionnalisation précoce des étudiants afin de faire découvrir tous les territoires aux futurs médecins, dès l'externat. « Nous demandons cette découverte de terrain mais il faudra donner les moyens aux externes de découvrir les territoires. En leur proposant un logement notamment. Les internes sont actuellement indemnisés pour le transport à hauteur de seulement 200 euros, ce qui n'est pas suffisant pour un poste situé à 40 ou 50 km » déplore Antoine Reydellet.
La ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a lancé lundi dernier une concertation en régions afin de préciser les futurs « critères de sélection » des étudiants en médecine. Dans un entretien accordé au magazine L'Obs, la ministre a confirmé que « les épreuves ne s'appuieront pas uniquement sur des batteries de QCM » mais que les étudiants devront « passer un oral » qui prendra en compte leurs « compétences humaines et sociales » et leur « capacité d'empathie ».
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