La vague déferlante de l’IA n’épargne aucun secteur, pas même celui des études de santé. D’après une étude dévoilée à l’occasion du salon MedInTechs (10 et 11 mars 2025 à Paris), 89,5 % des étudiants en santé interrogés* ont déjà testé un outil d’IA générative (c’est-à-dire capable de générer de façon autonome du texte, des images, des vidéos ou d'autres médias en réponse à des requêtes).
Bien que l’usage monte en puissance, la fréquence d’utilisation de ces outils reste modérée : 45 % des étudiants en santé y ont recours de manière « occasionnelle » (moins d’une fois par semaine). Mais un petit tiers des étudiants (30 %) l’emploient déjà plusieurs fois par semaine, principalement pour la rédaction, la structuration de documents et la recherche bibliographique.
Dans ce contexte, les étudiants s’estiment encore peu compétents dans l’utilisation pertinente de l’IA. Selon l’enquête, 70 % d’entre eux se considèrent à « un niveau débutant ou intermédiaire », ce qui traduit un manque de formation et d’acculturation à ces outils. Seuls 21 % se déclarent « avancés » dans leur maîtrise de l’IA générative.
Face à ce constat, l’intérêt pour des formations adaptées est manifeste et croissant : 42 % des étudiants en santé souhaitent déjà bénéficier d’un apprentissage encadré de ces technologies, tandis que plus de 47 % pourraient être intéressés, sous réserve d’un « programme pertinent ».
Une attente qui fait écho aux annonces récentes du gouvernement : dès la rentrée universitaire 2025, la formation au numérique intégrant l’IA devrait être rendue obligatoire dans le premier cycle des études de santé. 119 millions d’euros sont investis pour former 500 000 professionnels en cinq ans et un campus dédié à l’IA en santé est annoncé.
Préoccupations éthiques
L’impact de l’intelligence artificielle sur les professions de santé suscite à cet égard des avis partagés parmi les étudiants. Si 87 % d’entre eux – proportion considérable – estiment que l’IA jouera un « rôle clé » dans le secteur médical d’ici à dix ans, une majorité (56 %) la considère avant tout comme un « outil d’accompagnement » des professionnels de santé. Ils sont cependant 32 % à penser qu’elle remplacera certaines tâches (répétitives, chronophages mais aussi dans le champ diagnostic) tout en restant sous supervision humaine.
L’IA soulève de vives inquiétudes quant à son impact sur la relation soignant/patient : la moitié des étudiants craignent qu’elle ne profite pas à l’amélioration du colloque singulier et 28 % redoutent même une « détérioration des échanges » dans le cadre du soin.
À cet égard, parmi les étudiants interrogés, environ 10 % n’ont encore jamais utilisé l’IA générative en raison précisément de préoccupations éthiques et/ou d’un manque de connaissances sur ces outils. Les principaux freins cités sont le manque de fiabilité des systèmes et le risque d’erreur, la protection des données et la confidentialité des informations médicales, l’impact de l’IA sur la relation humaine dans le soin ainsi que le risque perçu de « perte d’expertise » – certains craignant une dépendance excessive à ces outils.
* 267 étudiants en santé (médecine, pharmacie, maïeutique, dentaire et autres filières de santé) ont été interrogés pour cette étude
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