Après les doyens la semaine dernière, c’était au tour des syndicats étudiants d’être auditionnés ce mercredi 22 janvier par la commission des affaires sociales du Sénat au sujet de la très décriée réforme d’accès aux études de santé. Entrée en vigueur à la rentrée 2020, cette réforme a mis fin à la Paces au profit de deux nouvelles voies d’accès : le PASS (Parcours d’accès spécifique en santé) et la L.AS (licence d’accès santé).
Récemment, un rapport accablant de la Cour des comptes a mis en lumière les nombreux dysfonctionnements de la réforme, ce qui a poussé la chambre haute à conduire « des travaux complémentaires destinés à dresser des perspectives d’évolution rapide ».
Échecs à tous les étages
Lors de leur audition devant les sénateurs, les syndicats étudiants ont dressé un bilan sévère de la réforme et plaidé pour des évolutions rapides et concrètes. « Cinq ans après sa mise en place, force est de constater que le nouveau système d'accès aux études de santé ne répond pas aux attentes, a d’emblée attaqué Julien Besch-Carrière, premier vice-président de l’Anemf. Les objectifs fixés en 2019, pourtant ambitieux et soutenus par notre fédération, n'ont pas été atteints : faire de la première année une étape formative et non purement sélective, faciliter la poursuite d’études, limiter le gâchis humain, réduire les risques psychosociaux… Les échecs sont nombreux, et une évolution de cette réforme est aujourd'hui indispensable pour plus de lisibilité. »
L’étudiant en médecine a également abordé l’échec de la diversification des profils. « Ce n’est pas avec une année de L.AS, et à peine une centaine d’heures d’enseignements dans une autre matière comme la philosophie, que le profil des étudiants en santé va radicalement changer. En faisant ça, on leur colle simplement une étiquette, a-t-il dénoncé. La diversification académique doit se faire impérativement avant l’entrée dans les études de santé en informant au mieux les lycéens des possibilités qu’ils ont. »
S’agissant de la délocalisation des formations en dehors des grandes villes via les antennes « tout L.AS », Julien Besch-Carrière a jugé le dispositif inefficace. « La délocalisation des formations est une solution pour la diversification socio-économique et géographique, mais elle ne doit pas entraîner un système à deux vitesses avec des gros écarts de réussite entre les étudiants », a-t-il pointé, s’appuyant sur le travail de la Cour des comptes. Il a insisté sur la nécessité d'assurer des conditions de formation équivalentes à tous les étudiants, soulignant l’importance « de ne pas ouvrir des antennes de manière aléatoire » sans véritables moyens pour assurer une formation de qualité.
Vers une voie d’accès commune et unique aux études de santé
Pour simplifier ce système « illisible » et réduire les (nombreuses) inégalités de traitements entre les étudiants des deux filières, les syndicats d’étudiants en santé ont unanimement plaidé en faveur de l’instauration d’une voie d’accès unique, comme avancé quelques mois plus tôt. « Nous proposons un retour à une voie unique et commune. Il ne faut pas entendre ici un retour à la Paces, a toutefois tenu à préciser le représentant des étudiants en médecine, car elle fut unanimement décriée pour le gâchis humain et la pression psychologique qu’elle imposait aux étudiants. »
Présenté comme un véritable tremplin pour l’interprofessionalité, ce nouveau système prendrait la forme d’une licence commune centralisée et gérée exclusivement par les UFR Santé. « Aujourd’hui, les L.AS ne relèvent pas des UFR Santé et bénéficient d’un accompagnement moindre que les PASS, ce qui est regrettable, a déploré Julien Besch-Carrière. Avec cette licence unique, nous visons plus de cohérence, de lisibilité et d’équité, avec des enseignements majoritairement liés à la santé pour tous », a-t-il ajouté.
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