C’est une mauvaise nouvelle pour les étudiants de deuxième cycle en médecine de France. Alors qu’ils devaient être exclus de cette réforme, du moins le pensaient-ils, les carabins se retrouvent finalement concernés, comme leurs aînés, par la réduction de 10 % de l’indemnisation des congés maladie des fonctionnaires depuis mars.
De fait, le décret d’application de la loi de finances 2025 les intègre finalement à cette mesure controversée. Le texte publié le 27 février au Journal officiel a en effet modifié discrètement le Code de la santé publique, incluant les étudiants dans le dispositif. Par conséquent, le taux des indemnités journalières des externes en cas de congés maladie ordinaire passe de 100 % (de leur traitement indiciaire) à seulement 90 % pendant les trois premiers mois.
Effet pervers du double statut d’étudiant hospitalier
Cette décision purement politique est vivement contestée par l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf), qui dénonce une nouvelle atteinte « cynique » aux droits des externes. « L’inclusion des étudiants en médecine dans le décret ne relève pas de l’application de la loi, mais d’une décision politique, confirmée par la DGOS (ministère), décrypte le syndicat mécontent. Alors que nous sommes exclus de bon nombre de primes et revalorisations accordées au reste du personnel médical, cette nouvelle mesure est un coup supplémentaire pour les externes, dont le statut précaire (financièrement et statutairement) n'est plus à démontrer ».
Contacté, le président de l’Anemf, Lucas Poittevin, conteste les arguments du gouvernement. « Nous rejetons le principe d'égalité avancé par le ministère, qui est à géométrie variable : lorsque nous sommes exclus des primes et revalorisations accordées au personnel hospitalier, c'est parce que nous sommes étudiants. Et lorsqu'on nous paye moins que les étudiants stagiaires de même grade de l'enseignement supérieur, c'est parce qu'on a un statut hospitalier. Ce n'est pas entendable pour les étudiants en médecine ! »
Les internes également vent debout
L’indignation est partagée par les internes de l’Isni. Son président, Killian L’helgouarc’h, dénonce une inégalité de traitement pénible. « Lorsqu’il faut imposer des efforts financiers, l’État veille à ce que les étudiants en médecine soient concernés ! Mais quand il s’agit de nous accorder des droits supplémentaires, comme le congé enfant malade que nous n’avons toujours pas, il faut batailler », regrette-t-il.
Derrière cette polémique, c’est bien le double statut des étudiants en médecine qui est de nouveau questionné. « Si nous devons faire des sacrifices comme les autres agents publics, alors nous devons aussi bénéficier de leurs droits. Ça ne peut pas être toujours à sens unique », martèle Killian L’helgouarc’h.
Ce n’est clairement pas ça qui va combler le déficit !
Killian L’helgouarc’h, président de l’Isni
Au-delà, le président de l’Isni pointe l’absurdité économique de cette mesure. « De manière générale, les médecins sont très peu en arrêt maladie. Au contraire, on traîne souvent la patte avant de se mettre en arrêt. Ce n’est pas sur les étudiants en médecine que l’on va générer des économies. En ce qui concerne les externes, cette mesure va peut-être rapporter un ou deux euros à la Sécu pour un arrêt maladie de trois jours. Ce n’est clairement pas ça qui va combler le déficit », insiste-t-il.
En revanche, les conséquences pour les jeunes médecins en formation pourraient être lourdes, alertent les représentants syndicaux. « Cette mesure (…) fragilise encore plus une population déjà en difficulté, à savoir les étudiants souffrant de pathologies, aiguës comme chroniques », s’inquiète l’Anemf alors que quatre étudiants sur dix ont déjà pensé à arrêter leurs études pour des raisons financières.
Début janvier, l’État avait estimé être en capacité d’économiser 900 millions d’euros grâce à cette réforme applicable aux agents des trois fonctions publiques (État, territoriale et hospitalière).
Les organisations syndicales espèrent toujours un rétropédalage du gouvernement ou des mesures spécifiques pour les étudiants hospitaliers (revalorisation des indemnités de transport et d’hébergement, revalorisation des gardes et alignement de la rémunération sur celle des étudiants stagiaires de même grade de l’Enseignement supérieur). Au risque, sinon, d’accentuer le malaise de la jeune génération médicale et la perte d’attractivité du secteur public.
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