C’est l’une des mesures phares de la loi santé votée en mars en première lecture à l’Assemblée nationale. Comme cela avait été annoncé en septembre par Emmanuel Macron, le texte entérine la suppression du numerus clausus à l’entrée en deuxième année de médecine. « C’est une réforme évidemment très importante qu’il va falloir mettre en œuvre dans un délai très court. Et il va falloir que les universités mettent en place un nouveau modèle d’entrée dans les études de santé », indique le Pr Jean Sibilia (CHRU de Strasbourg), président de la Conférence des doyens des facultés de médecine.
Trois modes d'intégration du cursus à l'étude
Sur le fond, la suppression du numerus clausus est approuvée par le Pr Sibilia. « Il s’agissait d’un concours difficile qui avait l’inconvénient de laisser au bord du chemin des lycéens brillants qui, malgré toutes leurs qualités, ne pouvaient pas accéder aux études de santé », indique le Pr Sibilia, conscient de la difficulté d’élaborer de nouveaux modes d’entrée dans les filières de médecine, de maïeutique, de dentaire et de pharmacie. « Quand la suppression du numerus clausus a été annoncée en septembre, aucune solution de remplacement n’était prête dans les cartons. Il a donc fallu travailler très vite sur différents scénarios », souligne-t-il.
Pour l’instant, rien n’est définitivement arrêté. Mais trois modes d’entrée dans les études de santé pourraient être retenus. « Le premier mode serait une licence classique. Le deuxième serait un mode d’entrée spécifique qui veillerait à favoriser la réussite des étudiants méritants mais ne pouvant pas accéder aux études de santé. Et le troisième serait un modèle de type passerelle permettant de faire venir en deuxième année de médecine des étudiants ayant un grade licence ou master », détaille le Pr Sibilia, en précisant que les universités devraient retenir au moins deux de ces trois modèles.
Une chose est certaine en tout cas : il y aura à la fin de la première année des critères d’admissibilité pour intégrer les filières de médecine, maïeutique, dentaire et pharmacie. « Cela devrait s’accompagner d’un oral pour évaluer les aptitudes humaines des étudiants », précise le Pr Sibilia, en ajoutant qu’il n’est pas possible de dire aujourd’hui combien d’étudiants seront autorisés à passer en deuxième année de médecine. « Le chiffre devrait être un peu supérieur à celui du numerus clausus mais personne ne peut dire si cela sera 10, 15 ou 20 % en plus. Ce qui est certain, c’est que le nombre d’étudiants admis en études de santé dépendra des capacités de formation de chaque université mais aussi des besoins sanitaires évalués, pour le futur, par les Agences régionales de santé (ARS). Mais cela risque d’être délicat à évaluer. Je ne sais pas si beaucoup d’ARS sont aujourd’hui capables de dire de combien de médecins leur territoire aura besoin dans les 10 ou 15 ans à venir », indique le Pr Sibilia.
Un système de trois piliers en deuxième cycle
Un autre chantier d’envergure concerne la réforme du deuxième cycle et la suppression des épreuves classantes nationales (ECN). « Ces épreuves poussaient les étudiants de deuxième cycle à ingurgiter les connaissances pendant quatre ans. Or, les connaissances sont certes importantes mais doivent être calibrées à l’aune de la médecine de demain : connectée, numérique, préventive. Aujourd’hui, l’évaluation des compétences se fait sur le terrain, dans le cadre du compagnonnage. Mais cela n’est plus suffisant », indique le Pr Sibilia, en ajoutant que le deuxième cycle va évoluer vers un système à trois piliers dans un dispositif baptisé « matching ». « Le premier pilier sera la rénovation du référentiel de connaissances qui sera calibrée sur la médecine de demain et sur un référentiel de compétences. Le deuxième pilier portera sur une formation à la compétence et une évaluation concrète de la compétence. Le troisième pilier permettra l’attribution de bonus pour les étudiants ayant un parcours professionnel particulier, par exemple un projet d’installation dans une zone sous-dense ».
Ces trois piliers mèneront à un algorithme de matching qui déterminera la note finale du futur interne. « Et il y aura toujours un classement qui déterminera, région par région, le nombre de postes pour chaque spécialité », précise le Pr Sibilia, en se félicitant que la mise en œuvre de cette réforme ait été reportée d’une année. « Elle concernera les étudiants entrant en deuxième cycle en 2020 et non en 2019 ».
D'après un entretien avec le Pr Jean Sibilia (CHRU de Strasbourg), président de la Conférence des doyens des facultés de médecine.
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