Ils étaient une quinzaine d’étudiants inscrits en Licence d’accès santé (L.AS) à l’université de la Sorbonne à rêver de devenir médecin. Mais après deux – voire trois – ans à travailler sans relâche, leur rêve s’est brisé aux portes des études médicales.
« Le 4 juin, lorsque nous avons reçu nos résultats pour l’ensemble de l’année, on s’est aperçu que beaucoup d’entre nous avaient des notes qui ne correspondaient pas du tout à ce que nous avions eu tout au long de l’année, se désole Anaïs, étudiante en deuxième année de Sciences du langage (L.AS 2), 21 ans. Par exemple, j’ai eu toute l’année 14-15 de moyenne générale en note de dossier académique [16 de moyenne en licence et 14 en mineure santé] et je me suis finalement retrouvée à 13,8 sans comprendre pourquoi ». Même « punition » pour Pauline, inscrite en L.AS 3 de Sciences du langage, qui est passée de 14/20 à 11/20 en note de dossier. Sans explication.
Flou sur les critères d’évaluation
Selon le groupe d’étudiants inscrits en L.AS, la note de dossier académique, qui prend en compte le parcours de l’étudiant depuis le baccalauréat, n’aurait pas été calculée comme ce qui avait été annoncé à la rentrée. « Notre note de parcours pour cette année devait avoir plus d’importance que notre note du baccalauréat ou que notre note de Parcours accès spécifique en santé (PASS) mais finalement tout a été coefficienté à 1, s’étonne Pauline. C’est totalement incohérent et injuste et surtout ça ne reflète pas le travail accompli cette année ! »
On est clairement pénalisés par rapport au PASS
Anaïs et Pauline
Outre ces critères de notation qu’ils qualifient de « flous », les étudiants concernés dénoncent un « manque de transparence » de la part de la faculté concernant les critères d’évaluation des oraux. « On leur a demandé des justifications sur nos notes, mais ils nous ont répondu que le jury restait souverain », déplorent-ils.
Mais ce qui révolte le plus le collectif reste l'instauration inattendue d’une « note seuil » pour accéder à la filière médecine. « Le jour des résultats, on a découvert, en plus de tout ça, qu’il fallait avoir minimum 12,2/20 pour avoir médecine, mesure inédite non annoncée par la faculté et qui, de plus, n’est pas appliquée aux étudiants en PASS. On est clairement pénalisés par rapport à eux », s’agacent-ils.
En instaurant cette note seuil, « la faculté a réduit le numerus apertus pour les L.AS à 171 au lieu des 214 places initialement annoncées. La règle du 50/50 [afin que les places disponibles soient réparties de manière équitable entre les deux filières] n’a pas été respectée, avance encore le collectif. En fait, on a l’impression que la faculté considère que la PASS reste la voie royale et que les étudiants en L.AS méritent moins leur place alors que ce sont deux parcours très différents et qu’on doit gérer une licence à côté ! », soulignent les étudiants.
Dernière chance grillée
À l’instar de Pauline et Anaïs, respectivement classées à la 206e et à la 193e place, le projet d’une quinzaine d’étudiants en L.AS 2 ou 3 a ainsi été chamboulé. « On a beau faire partie du numerus apertus, on se retrouve privés de notre passion avec seulement des places en pharmacie ou maïeutique, on méritait pourtant une place en médecine », dénoncent les deux jeunes femmes. Treize de leurs camarades de promotion sont aussi dans cette situation. « Certains se retrouvent même sur le carreau sans aucune place dans une autre filière. S’ils avaient su, ils n’auraient certainement pas grillé leur dernière chance cette année », avancent les deux porte-parole.
Face à cette « injustice », le collectif d’étudiants a engagé un référé en suspension. « On espère obtenir gain de cause et récupérer nos places avant la rentrée prochaine », glissent Pauline et Anaïs, au nom du collectif. Il faudra désormais attendre le 10 juillet pour que le collectif soit fixé. « Pour l’instant, les places n’ont pas été redistribuées mais on espère qu’elles ne seront pas données aux PASS une fois l’annonce de leurs résultats », soufflent-ils.
Écœurés et fatigués, certains étudiants du collectif envisagent de partir à l’étranger s’ils n’obtiennent pas gain de cause. « Il n’y a rien de pire que de se sentir illégitime après avoir bossé non-stop pendant toutes ces années, regrette Anaïs. Si c’est la seule solution, je me renseignerai sur les possibilités qu’offrent nos voisins européens. Mais c’est vraiment dommage quand on sait que la France manque de médecins et qu’il y a pourtant des gens passionnés… »
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