« Ne nous oubliez pas » : c’est le message ferme adressé par l’Association des maires ruraux de France (AMRF) le 2 juin aux pouvoirs publics. Alors que se précise l’échéance de novembre 2026, date prévue pour le déploiement de la quatrième année (la « 4A ») d’internat en médecine générale, les élus locaux s’inquiètent d’être mis de côté.
« On sent que les discussions avancent, que les ARS réunissent du monde autour du pacte contre les déserts médicaux [plan Bayrou anti-déserts, NDLR]. Mais nous, les maires ruraux, ne voulons pas découvrir au dernier moment qu’on va accueillir des jeunes internes sans y être préparés », alerte Gilles Noël. Le vice-président de l’AMRF redoute que les collectivités locales, si elles ne sont pas associées dès aujourd’hui aux décisions, soient pointées du doigt pour n’avoir pas anticipé l’accueil des futurs stagiaires : logements, accès aux services, organisation logistique. « Si nous avons des choses à préparer ; ça se prépare maintenant avec des dossiers, des budgets car tout ça prend du temps », alerte l’élu.
Les élus veulent être associés aux discussions
Inspirée des stages hospitaliers des autres spécialités, cette année de « docteur junior », doit permettre aux internes d’exercer en autonomie supervisée, notamment en ambulatoire. Aux yeux de l’AMRF, cette année supplémentaire est une très bonne occasion pour donner aux territoires ruraux une bouffée d’oxygène, à condition toutefois de ne pas rater le coche.
L’association rappelle que le plan « France Ruralités », présenté il y a deux ans, prévoit que 88 % des stages soient réalisés dans des communes rurales de moins de 3 500 habitants. Mais pour y parvenir, encore faut-il lever les nombreux obstacles logistiques et organisationnels. L’un des freins majeurs reste la pénurie de maîtres de stage universitaires (MSU) dans ces zones. Or, sans MSU agréé, pas de stage possible. « Dans certains territoires très sous-dotés, il n’y a tout simplement plus de médecins », déplore Gilles Noël.
Un encadrement plus souple
L’AMRF appelle donc à former en priorité des MSU dans ces zones. Pour contourner les rigidités administratives, elle demande que les futurs docteurs juniors puissent exercer à distance de leur maître de stage. « Ce qu’on veut, c’est une organisation souple et sécurisée. Plutôt que d’avoir un MSU dans le même couloir, pourquoi ne pas imaginer une supervision à trois ou cinq kilomètres avec, si besoin, une supervision par visio ? » Autre piste défendue : la mise en place de guichets uniques départementaux, centralisant les informations utiles à l’installation en zone sous-dotée. « Si un jeune veut s’installer, il doit avoir toutes les infos au même endroit, au lieu de courir après les interlocuteurs », insiste Gilles Noël.
L’exemple de Varzy (Nièvre), dont Gilles Noël est maire, illustre bien l’état d’esprit des élus : après trois ans de recherche, un médecin MSU doit s’y installer en septembre avec l’intention d’accueillir un interne. « Les planètes sont alignées. Mais ça, c’est parce qu’on s’est battus. Tout le monde n’a pas cette chance, il faut donc la jouer collectif, insiste l’élu. On a besoin de ces jeunes médecins. On est prêts à les accueillir. Mais on ne veut pas être les dindons de la farce. Si on doit s’organiser, encore faut-il qu’on nous dise quoi, comment et quand », conclut-il.
Assistant ambulatoire, stages dans les déserts, « engagement territorial » : les jeunes médecins dégainent leur arsenal anti-coercition
Les MSU, acteurs clés de l’encadrement des docteurs juniors
« L’accès au secteur 2 pour tous, meilleur moyen de préserver la convention », juge la nouvelle présidente de Jeunes Médecins
Jeu concours
Internes et jeunes généralistes, gagnez votre place pour le congrès CMGF 2025 et un abonnement au Quotidien !