C’est pourtant déjà le deuxième de l’année, mais cette récurrence exceptionnelle n’aura pas freiné l’enthousiasme des généralistes. Pour cette 21e édition du Congrès du Collège des généralistes enseignants (CNGE), l’amphithéâtre du Grand Palais de Lille n’a pas pu contenir les près de 3 000 participants venus assiter du 1er au 3 décembre à ce rassemblement des enseignants, chercheurs, maîtres de stages, internes, etc. de médecine générale.
C’est un nouveau record pour ce congrès, seulement quelques mois après sa 20e édition organisée en juin à Bordeaux et déplacée à cause du Covid. Une croissance qui a ému le Pr Laurence Compagnon, membre du CNGE au moment d’ouvrir ce congrès.
« C’est très impressionnant. Il y a dix ans nous étions tellement contents d’être quasiment 500. J’ai envie de paraphraser le Cid, nous partîmes 500 mais par un gros renfort nous arrivâmes 3 000 à Lille ».
Pour le président du CNGE, le Pr Olivier Saint Lary, c’est un signe de plus du dynamisme de la spécialité. Il en veut notamment pour preuve le chemin parcouru ces dernières années dans les choix suite aux épreuves classantes nationales (ECN).
« Si en 2004, lors de la création du DES de médecine générale, 609 postes, soit un tiers, étaient restés vacants - avec les conséquences dramatiques que nous connaissons aujourd’hui sur l’offre de soins -, en 2021, les 3 280 postes d’internes en médecine générale ont tous été pourvus, avec un rang médian de choix pour notre discipline qui ne cesse de progresser ».
À l’image du choix réalisé par Marie Ahyerre, présente au congrès et major des ECNi 2021 qui a opté pour la médecine générale. « Elle a réalisé une folie. Elle a assumé un choix inédit, symbolique et historique, un choix du cœur. Ce sont ses maîtres de stage avant tout le reste qui lui ont donné l’envie de se projeter dans ce beau métier », a souligné le Pr Saint Lary.
L'ANDPC et les parlementaires pas à la fête
L’occasion de rappeler, que d’après le dernier décompte réalisé par le CNGE et le syndicat national des enseignants en médecine générale (Snemg), révélé cette semaine, 11 837 MSU (maîtres de stage des universités) accueillaient au 1er janvier 2021 des étudiants de 3e et de 2e cycle. Une progression de 7 % en un an.
L’occasion aussi d’insister sur le fait que la maîtrise de stage est bel et bien « le levier prioritaire à actionner » pour résoudre les problèmes de l’offre de soins demain et dans le même temps de tacler l’Agence nationale du DPC (ANDPC). « Comment concevoir que l’ANDPC puisse envisager de restreindre drastiquement le crédit et le temps alloué à la formation des MSU », a fustigé le Pr Saint Lary, suscitant les huées des congressistes à l’adresse de l’agence.
Le président du CNGE a également critiqué les parlementaires qui ont dégainé récemment les « veilles mêmes recettes ». « Ces mesures coercitives en plus d’être injustes sont inefficaces », a-t-il rappelé. Et l’absence des ministres de tutelle ou du président de la République interroge « alors que 3 000 internes et maîtres de stage sont réunis aujourd’hui et que la question de l’accès aux soins est en 2021 la principale préoccupation des Français ».
« Leur absence témoigne d’une incompréhension entre nous », a souligné le Pr Saint Lary avant d’ironiquement s’adresser à eux dans « un vocabulaire » plus compréhensible pour le sommet de l’État.
« Vouloir résoudre à la cavalcade la problématique de l’offre de soins en proposant une antienne sur la coercition, c’est de la poudre de perlimpinpin. Les solutions ne privilégiant pas la maîtrise de stage ne sont que galimatias et reviennent à débiter des coquecigrues ».
Une nouvelle charte pour les MSU
Une opportunité de redire clairement que le CNGE « s’opposera toujours aux mesures coercitives ». À la place il continuera d’œuvrer pour la démographie médicale en poursuivant le travail autour de la maîtrise de stage et l’amélioration de la qualité des stages.
Dans ce cadre, le CNGE signera pendant le Congrès avec le syndicat des internes de médecine générale, l’Isnar-IMG, une nouvelle charte des MSU, qui devrait notamment faire de la place à la formation des MSU sur les risques psychosociaux, les droits des internes et les violences sexistes et sexuelles.
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