Plus de 290 000 personnes décèdent en Europe d'une cause imputable à l'alcool, selon un rapport publié par l’Organisation mondiale de la santé qui note une baisse insuffisante de la baisse des taux de consommation nocive d’alcool de la Région européenne, au regard des objectifs fixés par le Plan d’action européen 2012-2020 signé par les États membres de l'Union européenne. La région Europe de l'OMS reste celle où la consommation d'alcool par habitant est la plus forte.
Le rapport s'appuie sur les données issues des 28 Etats membres de l'Union européenne, plus la Norvège et la Suisse. Il en ressort que les adultes européens buvaient, en 2016, 11,3 litres d'alcool pur par personne et par an, soit l’équivalent de plus de 2 bouteilles de vin par semaine. La France fait partie des gros consommateurs, avec plus de 12 litres consommés par an et par habitant.
Les hommes consomment presque 4 fois plus d'alcool que les femmes : 18,3 litres contre 4,7. Les niveaux de consommation des hommes et des femmes ont toutefois tendance à se rapprocher, surtout chez les moins de 24 ans. Par ailleurs, 30,4 % des personnes interrogées dans les enquêtes nationales déclarent avoir consommé plus de 60 g d’alcool pur en une seule occasion au cours des 30 derniers jours.
Entre 2010 et 2016 la consommation d'alcool en Europe n'a diminué que de 1,5 %. Une baisse qui n'était pas statistiquement significative. « Les progrès sont au point mort ! Regrette le Dr Zsuzsanna Jakab, directrice régionale de l’OMS pour l’Europe. Les responsables politiques doivent mettre en œuvre les stratégies qui ont prouvé leur efficacité, comme l’augmentation des prix, la limitation de la disponibilité de l’alcool et l’interdiction de la publicité. »
Cancers, cirrhoses, maladies cardio-vasculaires
Concernant les 291 000 décès annuels liés à l'alcool, les principales causes sont le cancer (29 % des décès), la cirrhose (20 %), les maladies cardio-vasculaires (19 %) et les accidents corporels (18 %). Le rapport évalue à 7,6 millions, pour l'année 2016, le nombre d’années de vie a été perdu en raison d’une mortalité prématurée ou d’une invalidité en lien avec la consommation d'alcool.
Le nombre de décès en Europe a diminué plus vite que la consommation (-3 % entre 2010 et 2016). Pour les auteurs du rapport, cette baisse est le reflet d'une amélioration de la prise en charge des comorbidités plutôt que celui d'une politique efficace de lutte contre la consommation d'alcool.
Si les situations sont très variables d'un pays à l'autre, les rapporteurs de l'OMS épinglent l'ensemble des 30 pays analysés pour leur manque d'effort pour augmenter le prix des boissons alcoolisées et réglementer leur marketing. Seulement 5 pays ajustent le prix de la bière et des spiritueux en fonction de l'inflation, et un seul le fait pour le vin.