L'examen du projet de loi sur la Santé en nouvelle lecture à l'Assemblée nationale a été repoussé à mardi en raison de la réunion du Congrès lundi, consécutive à la série d'attentats dans la capitale, a indiqué l'Assemblée. Les débats devaient débuter lundi après-midi mais députés et sénateurs seront alors à Versailles pour une intervention de François Hollande.
Les médecins libéraux, opposés à la généralisation du tiers payant -et qui ont annoncé dès samedi la suspension de leur grève- devaient initialement se rassembler aux Invalides lundi pour mettre la pression sur les députés. Mais les manifestations sur la voie publique sont interdites à Paris jusqu'à jeudi.
Dans le secteur médical encore, la CGT de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Pari a suspendu samedi l'appel à la grève lancé pour mardi avec d'autres syndicats sur l'aménagement du temps de travail dans les 39 établissements de l'AP-HP. L'intersyndicale (CGT, SUD santé, FO, Unsa, CFE-CGC et CFTC) avait lancé un appel à la grève et à manifester le 17 novembre pour "riposter" au protocole d'accord sur l'organisation du travail dans les 39 établissements de l'AP-HP.
Dans ce contexte post attentats, l'annonce du "pacte territoire de santé 2" par Marisol Touraine a lui aussi été reporté. La ministre de la Santé ne se rendra finalement pas à Tours comme prévu lundi pour annoncer ses mesures de lutte contre les déserts médicaux.
Un exercice de simulation le matin même au Samu de Paris
Les établissements de la capitale ont bien entendu connu une activité très importante ce week-end et notamment les services d'urgence, puisque 352 blessés étaient recensés dont 99 "en urgence absolue. Dans la nuit de vendredi à samedi, 8 blocs opératoires sur 12 tournaient ainsi à l'hôpital Lariboisière. Les chirurgiens orthopédistes ont aussi été très mobilisés en raison des plaies aux membres. Perforations du ventre, du thorax, hémorragies: les blessures des victimes des attentats de Paris, jeunes pour la plupart, évoquent des scènes de guerre, racontent des médecins frappés aussi par "l'état de sidération" des patients.
C'était "une ambiance de scènes de guerre", dit le Pr Philippe Juvin, chef des urgences de l'hôpital européen Georges-Pompidou à Paris, en évoquant l'afflux de blessés par balles, dont un tiers de blessés graves transférés aussitôt au bloc opératoire ou en réanimation. "Les opérations continuent", une fois passées les plus urgentes, précisait dimanche ce médecin. Des patients sont encore en réanimation en raison de leur état préoccupant.
Concernant la prise en charge des blessés, l'urgentiste Patrick Pelloux a raconté samedi sur France Info que les hôpitaux s'étaient mobilisés "pour sauver un maximum de victimes" des attentats de vendredi soir à Paris, un exercice auquel le Samu s'était préparé, par chance le matin même : "le hasard a fait que le matin au Samu de Paris avait été organisé un exercice sur des attentats multi-sites. Donc on était préparé", a-t-il ajouté.
"On s'est battu toute la nuit avec l'ensemble des équipes du Samu, on s'est mobilisé pour sauver un maximum de victimes, a expliqué le Dr Pelloux. Les hôpitaux "sont disponibles, on a libéré beaucoup de places. Les chirurgiens, les réanimateurs, les infirmières, tout le monde est revenu spontanément dès 21H30-22H00, ce qui nous a permis de sauver le plus de monde possible", a encore rapporté l'urgentiste.
De son côté, le conseil national de l'Ordre des médecins "tient à rendre hommage à la mobilisation exceptionnelle de tous les professionnels de santé, hospitaliers, urgentistes, internes, qui dès l’annonce de ces drames ont apporté les premiers soins aux victimes de ces attentats."
Dimanche, trois des 80 blessés admis en urgence absolue vendredi dans les hôpitaux parisiens sont décédés et 42 étaient toujours en service de réanimation, a annoncé l'AP-HP, sans préciser le bilan total des morts. Sur ces 80 blessés, "35 personnes ne relèvent pas ou plus aujourd’hui d’une surveillance intensive en service de réanimation", ajoutait l'AP-HP dans un communiqué, précisant avoir pris en charge 415 personnes au total, en comptant tous les personnes en état de choc psychologique venues spontanément dans les hôpitaux.
A Saint Antoine, Hollande, Valls et Touraine au chevet des victimes
Au lendemain des attentats, François Hollande s'est rendu samedi soir avec Manuel Valls et Marisol Touraine à l'hôpital parisien Saint-Antoine où il a rencontré deux blessés des attentats, dont un policier, et le personnel soignant de cet établissement situé à proximité des lieux des attaques perpétrées la veille, a-t-on appris dans l'entourage du président. Accompagnée aussi de la maire de Paris Anne Hidalgo, le chef de l'Etat a "exprimé sa gratitude" aux secouristes et au personnel soignant.
Le lendemain dimanche matin Manuel Valls est allé à la rencontre des proches des victimes des attentats de Paris, visitant le centre d'accueil ouvert à l'Ecole militaire pour recevoir les familles, en particulier les personnes qui sont encore sans nouvelles de leurs proches. Situé au 1, place Joffre, ce centre d'accueil mobilise les cellules de soutien psychologique du Samu de l'APHP (Assistance publique – hôpitaux de Paris), du service de santé des armées et de la Sécurité civile, ainsi que les associations agréées de sécurité civile (Croix-Rouge, Protection civile). 267 personnes y ont été accueillies dimanche et 55 dimanche matin.
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