20 minutes de consultation maxi pour les généralistes suisses : un luxe vu de France

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Publié le 13/01/2018
Médecin regardant sa montre

Médecin regardant sa montre
Crédit photo : GARO/PHANIE

Le temps c’est de l’argent ! En Suisse, l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) l’a bien compris. Depuis le 1er janvier, les généralistes helvètes sont tenus d’assurer leurs consultations en vingt minutes chrono – trente pour les enfants de moins de 6 ans et les personnes âgées de plus de 75 ans. Une mesure qui suscite la grogne des praticiens suisses, qui facturent leur consultation à la minute.

L’OFSP justifie la mesure par une explosion des dépenses de santé. Avec cette limitation à vingt minutes, Berne souhaite économiser 470 millions de francs suisses (environ 400 millions d’euros, ndlr).

« Vingt minutes, c’est pas mal »

Si les généralistes suisses râlent, vu d'ici une consultation de vingt minutes peut paraître comme un luxe. « Vingt, voire trente minutes, cela laisse quand même le temps pour prendre en charge correctement ses patients », observe le Dr Julie Mazet, secrétaire générale de la CSMF-Les Généralistes qui exerce à Monnetier-Mornex (Haute-Savoie), près de la frontière franco-suisse. Le Dr Claude Bronner, vice-président de la Fédération des médecins de France (FMF) partage cet avis. « Vingt minutes c’est pas mal, même s’il y a des circonstances où une auscultation peut prendre plus longtemps », constate-t-il. « Ils sont quand même bien mieux payés qu’en France. Une consultation classique c’est entre 80 et 100 euros », précise le Dr Mazet.

Pour le Dr Claude Bronner, la nouvelle réglementation est « une conséquence logique » de la rémunération des praticiens helvètes au temps. « Évidemment que cela a des effets pervers. C'est normal qu’à un moment le payeur trouve que certains exagèrent », observe-t-il. « Il est certain qu’en Suisse les dépenses de santé sont très inflationnistes, estime de son côté le Dr Julie Mazet. Les caisses avaient peut-être un sentiment d’abus. »

La rémunération au temps, l’exemple à suivre ?

La généraliste comprend néanmoins le désarroi de ses confrères : « Cette mesure me semble dictée par les assurances et de façon unilatérale. Ce n’est pas le fruit d'une concertation avec des médecins. C’est imposé, ce qui est toujours désagréable. »

Le Dr Claude Bronner rêve d’une consultation dont le tarif serait fonction du temps passé à ausculter les patients. Le Dr Julie Mazet perçoit le revers de la médaille : la lourdeur administrative de ces consultations. « Il faut tout justifier », fait remarquer la généraliste, confiant devoir parfois remplir des dossiers de « 3, 4 ou 5 pages » pour certains patients suisses. Elle estime que l’idéal serait une consultation de base nettement mieux rémunérée. « Si nous avions une consultation à 50 euros, il ne serait pas question de discuter d’une consultation au temps », assure la secrétaire générale de la CSMF-Les Généralistes. 

Et le Dr Bronner d'abonder dans son sens : « L'exemple suisse montre bien combien nous sommes bas en termes de rémunération ».


Source : lequotidiendumedecin.fr