Alors que doivent s'achever jeudi les négociations du Ségur de la Santé, le patron de la CSMF, le Dr Jean-Paul Ortiz, a présenté devant la presse ce mercredi les orientations du syndicat pour les mois à venir. L'occasion de rappeler que la médecine de ville ne devra pas être « oubliée par le gouvernement ».
Le nouveau Premier ministre Jean Castex a rallongé d'1,1 milliard d'euros l'enveloppe dédiée à la revalorisation des carrières hospitalières en début de semaine, pour atteindre un budget total de 7,5 milliards d'euros pour l'hôpital public. Selon le Dr Ortiz, la médecine ambulatoire devra elle aussi obtenir des gages dans ce Ségur, notamment car les praticiens libéraux « ont su s'organiser et répondre à la terrible épidémie que nous traversons, sans l'ombre d'une hésitation malgré l’absence d'équipements ».
Un protocole d'accord finalisé d'ici ce jeudi et soumis à signature vendredi doit venir clôturer ce Ségur. Le Président de la République Emmanuel Macron, qui s'exprimera le 14 juillet, pourrait ainsi annoncer lui-même le résultat de cette vaste concertation lancée fin mai et censée concrétiser le « plan massif » promis au plus fort de l'épidémie de coronavirus.
La période qui s'ouvre sera donc loin d'être calme pour les organisations de médecins libéraux, avec en ligne de mire une nouvelle négociation conventionnelle avec l'Assurance maladie faisant justement suite au Ségur dès la fin août, et les élections URPS programmées en avril 2021.
Revalorisation des actes et de la coordination
Dans son projet politique, la Conf' se fixe comme priorité la valorisation de l'acte médical. « Aujourd'hui, une consultation chez le médecin généraliste à 25 euros n'est plus un tarif déconnecté de la réalité, c'est tout simplement une insulte à notre mission », a déploré le Dr Ortiz. La CSMF plaidera également pour une revalorisation des forfaits régulation et des astreintes pour les soins non programmés ou encore pour la revalorisation de la visite à domicile.
Au-delà de l'acte de base, le syndicat pluricatégoriel mise sur un investissement pour améliorer la coordination entre professionnels. Entre les différentes spécialités tout d'abord, avec la création d'une consultation lourde avec le médecin traitant pour le médecin spécialiste qui suit une pathologie chronique. Et entre les différentes professions médicales, en valorisant la coordination autour du patient que ce soit au sein d'un cabinet de groupe, une MSP, d'une CPTS... « La CPTS ne doit pas être une obligation et il faut accompagner les professionnels quel que soit l'outil », estime le médecin néphrologue.
Prenant comme exemple le succès de la téléconsultation pendant la crise épidémique, le Dr Ortiz a également appelé à une simplification de l'exercice médical. Dénonçant une « dérive bureaucratique et administrative », il a salué ce dispositif de télémédecine simplifié « avec un seul payeur, sur la base d'une feuille de soins sans carte vitale et sans feuille papier ».
Projet de rénovation du syndicat
À ces grandes orientations, s'ajoute un projet ambitieux de transformation du syndicat dont le Dr Jean-Paul Ortiz a annoncé les grandes lignes. Le siège de la CSMF, situé rue de Tocqueville à Paris, va être repensé et transformé pour devenir la « Maison de l'exercice libéral ». Les travaux de rénovation de ce bâtiment sont évalués par le président à 3 millions d'euros et devraient débuter ces prochains mois. Il abritera, entre autres, un incubateur de start-up santé, un amphithéâtre, des lieux de rencontre pour les professionnels... En vue des élections URPS, la CSMF prévoit également de rénover ses statuts et d'intégrer la parité homme-femme dans l'ensemble de ses instances, y compris au sein des listes électorales pour l'élection d'avril 2021.
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