"Il est bien clair, dans mon esprit, que le statu quo tarifaire n’est pas envisageable". En rouvrant mardi 24 novembre le débat sur la loi de santé en deuxième lecture à l'Assemblée Nationale, Marisol Touraine a lâché un peu de lest aux médecins libéraux. Bien sûr pas sur les mesures qui fâchent dans la loi de santé. A commencer par le tiers payant dont elle a de nouveau vanté la généralisation, arguant notamment qu'une majorité de Français plébiscitent la mesure. "Je comprends bien les craintes de déclassement, de dévalorisation de la médecine libérale. C’est de cela que nous devons parler, sereinement, avec les professionnels de santé. Mais imaginer que ces inquiétudes pourraient disparaître simplement parce que l’on supprimerait une mesure emblématique de ce texte, en l’espèce le tiers payant, c’est se tromper sur l’évolution attendue de notre système de santé, et c’est aussi se tromper dans le « diagnostic », si je puis dire, du malaise actuel, a-t-elle, d'entrée de jeu, annoncée.
Par la suite, la ministre a néanmoins voulu donner des perspectives aux médecins de ville. Marisol Touraine a ainsi expliqué qu'elle fixerait "prochainement" les grandes orientations de la négociation de la nouvelle convention médicale. Et avant de poser ses directives, Marisol Touraine prendra le pouls des syndicats de médecins libéraux : "Avant de rédiger ces orientations et de les adresser à l’assurance maladie obligatoire, je rencontrerai les organisations syndicales pour faire le point avec elles, " explique-t-elle, soulignant que cette convention 2016 "abordera de nombreux sujets", et donc ne fera pas l'impasse sur les revalorisations tarifaires. A ce stade, la ministre n' a évidemment donné aucune précision sur la forme et a fortiori sur les montants de celles-ci.
Le reste de la discussion ce mardi soir à l'Assemblée Nationale a montré que, sur le fond de la réforme, gauche et droite compaient sur leurs positions. C'est vrai en particulier de la généralisation du tiers payant défendue par la rapporteure PS Bernadette Laclais : "Cette mesure permet de lever une contrainte de trésorerie pour les patients et de faire régresser les situations de renoncement aux soins utiles. La commission a par ailleurs inscrit dans le texte, pour les médecins, des garanties fortes concernant les modalités d’application, la simplicité d’exécution et le paiement dans des délais réduits," a-t-elle plaidé.
A l'inverse, la droite a tiré à boulets rouges sur le TPG. A l'image d'un Elie Aboud dénonçant " l’infantilisation généralisée des patients et des personnels soignants". Ou encore d'un Bernard Accoyer, prenant la défense des médecins : "Ce tiers payant généralisé est refusé catégoriquement par les médecins, toutes sensibilités confondues. Ce refus est un véritable signal de détresse, appelant à mesurer ce que sont devenues les conditions d’exercice, humainement, physiquement, psychologiquement, financièrement, alors que le nombre de médecins victimes d’épuisement et même de suicide atteint un niveau jusqu’à présent inconnu". Et l'ancien président de l'Assemblée de tenter une dernière supplique à l'intention de l'avenue de Ségur : "Madame la ministre, vous devez prendre en compte les raisons de ce refus et repousser à plus tard, après la négociation, la mise en œuvre du tiers payant généralisé, d’autant que, ajoutant encore à la déresponsabilisation, elle contribuera au dérapage des dépenses." Les débats de cette deuxième lecture sur le projet de loi de santé doivent se poursuivre jusqu'à vendredi soir.
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique