Alors que les revendications sur la hausse du C n’ont obtenu aucun écho et que les négociations sur le travail d’équipe ont échoué, était-ce le moment pour lancer une enquête sur la rémunération des généralistes ? Il faut croire que oui, si l’on en juge par les nombreux retours que nous avons eus. Avec, sans surprise, une énorme insatisfaction sur le niveau de revenus qui confirme que le généraliste français figure parmi les plus mal payés de l’Europe de l’Ouest… et qu’il en est archi-conscient . Nos résultats vont pourtant bien au-delà de ce constat de base auquel on pouvait s’attendre. Car le coup de sonde que nous avons fait auprès de nos lecteurs montre que le mécontentement est multifactoriel : on se plaint de recettes insuffisantes, mais aussi et surtout d’une spirale qui contraint à en faire toujours davantage pour maintenir son pouvoir d’achat. Au mépris de la qualité de vie.
Les généralistes aspirent en effet à rompre avec la course à l’acte. Les réponses à notre enquête le disent et cela transpire aussi dans bien des courriers adressés à cette occasion. On demande certes une hausse de son niveau de vie. Mais on réclame surtout des règles du jeu plus respectueuses du rythme de chacun. Pas facile pourtant de s’accorder sur un mode de rémunération qui transformerait l’exercice de demain. Le système de paiement idéal n’existe pas, les médecins de famille sont payés pour le savoir. Peut-être est-ce pour cela qu’en ce début de XXIe siècle, ils manifestent encore un fort attachement au paiement à l’acte à la française, tout en admettant ses limites, en matière par exemple de prévention ou de suivi des patients lourds ou chroniques…
Comment dépasser ce paradoxe ? Les généralistes ne sont conquis ni par la ROSP, ni par les récents forfaits, acceptés comme une poire pour la soif. Au-delà, la grande réforme qui redessinerait les contours de la médecine de premier recours reste à imaginer. L’immense majorité de la profession plaide pour un paiement à l’acte revisité, qui ferait davantage de place au temps passé et valoriserait davantage la complexité de certains actes. Un bon nombre suggèrent aussi un mixte combinant acte, forfait, voire capitation. Entre les lignes, on comprend aussi qu’il y a place pour plus de diversité dans le paysage tarifaire de la médecine générale, pourvu que l’équité soit sauve et la liberté de choisir préservée. Le débat ne fait que commencer. Le Généraliste l’ouvrira vendredi prochain lors d’un débat au Congrès de la médecine générale. À suivre...
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