La médecine de demain sera digitale ou ne sera pas. Le gouvernement a affiché ses ambitions en annonçant la création, d’ici à 2022, d’un espace numérique de santé accessible à tous les Français. Ce gigantesque coffre-fort virtuel doit permettre à chacun de prendre rendez-vous en ligne, d’accéder à un service de téléconsultation, de consulter son DMP ou encore de retrouver tous ses examens médicaux. Une telle plate-forme demeure pour l’instant une chimère. Mais ce projet préfigure ce à quoi pourrait ressembler le système de soins dans quelques années.
Les médecins sont invités à accompagner cette évolution qui verra la disparition progressive, au format papier, des dossiers médicaux, certificats et ordonnances. Les médecins généralistes vont être financièrement encouragés via le forfait structure à consulter et alimenter le DMP de leurs patients – ils n’ont été que 16 % à le faire l’année écoulée. Ils sont incités à s’emparer de la messagerie sécurisée de santé (MSS), à utiliser la e-CPS et à basculer définitivement vers la e-prescription !
En pleine deuxième vague de Covid-19, les téléconsultations par visioconférence – qui ont rendu un fier service au printemps – vont de nouveau être remboursées à 100 % jusqu’à 2022. Et la télé-expertise, tâtonnante, devrait passer la seconde. La santé connectée est avant tout poussée par les pouvoirs publics et des acteurs privés. 235 start-up se sont engagées, dans une charte, à la promouvoir. Le gouvernement a, lui, promis d’injecter 2 milliards d’euros pour son développement. Pour autant, la e-santé n’apparaît pas être une priorité pour les généralistes, préoccupés avant tout par le souci de répondre à la demande de soins sur le terrain.
Cette numérisation à marche forcée n’est pas forcément vue comme un progrès par la profession. Les débats animés autour de la 5G viennent rappeler combien il est difficile de concilier les intérêts économiques, écologiques et humains. Le numérique a des avantages mais les écrans ne font pas tout. Et en médecine générale, rien ne remplacera la présence d’un patient face à soi.
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