L’inflation provoquée par la guerre en Ukraine a triplé les budgets dédiés au poste énergétique des hôpitaux. Certains se sont embourbés dans la dette, d’autres ont réussi à réagir rapidement. C’est le cas de l’hôpital Foch, établissement de santé privé d'intérêt collectif (Espic) situé à Suresnes (Hauts-de-Seine), qui a accéléré à cette occasion le virage environnemental pris il y a déjà plusieurs années.
Depuis 2023, l’hôpital Foch fait partie des 44 établissements français à avoir obtenu le plus haut niveau du label THQSE (très haute qualité sociale et environnementale). Pour rester au top niveau, il vient de réaliser une cartographie de ses dépenses en électricité, gaz, chauffage et eau afin de cibler les postes les plus consommateurs. « Cet audit était indispensable pour répondre aux enjeux RSE et économiques », argumente Émile Maillot, responsable des achats à la direction des investissements.
L’appel du micro-ondes
Si Foch vise une réduction de 40 % de sa consommation énergétique d’ici à 2030, cette approche réclame de la patience mais aussi une capacité d’investissement. En 2022, les LED installés ont ainsi représenté un budget de 1,7 million d’euros, ce qui n’a pas empêché une facture d’électricité multipliée par trois en 2023. Pour optimiser toujours plus ses besoins en énergie, Foch a donc fait appel à une solution d’IA. En partenariat avec la société Foobot, la création d’un jumeau numérique permettra d’analyser les scénarios les plus efficients afin d’ajuster, contrôler et piloter le chauffage et la ventilation. Une réduction d’environ 8 % de la consommation globale de chauffage à l’année a été ciblée pour 2024. Sous ce seuil, le prestataire s’engage à ne pas faire payer la solution.
L’autre projet environnemental de Foch concerne la gestion des déchets d'activités de soins à risques infectieux (Dasri). Fin 2022, l’établissement a choisi une invention de Bertin Technologies qui propose un modèle de broyage et de désinfection par micro-ondes, « avec des machines plus compactes qui entraient mieux dans notre environnement architectural » que les modèles des autres sociétés, avance Julien Lagarde, responsable des services généraux. Cette solution de stérilisation permet en trente minutes de transformer les Dasri en déchets inertes non contaminés pouvant ensuite être traités par les mêmes canaux que des déchets ménagers. Transformé en copeaux, le volume des Dasri est ainsi réduit de 80 % et leur poids de 20 %. Au lieu de six trajets par semaine, la collecte n’en réclame plus qu’un. Cette matière est ensuite mise à la disposition d’une entreprise locale pour chauffer des logements sociaux.
L’IA dans les assiettes
Foch s’intéresse aussi à l’alimentation. En collaboration avec la société Kikleo, l’Espic a installé un outil d’IA afin d’analyser les quantités restantes dans les assiettes de la cantine des salariés. Pendant trois semaines, une caméra installée au self a photographié les plateaux des employés avant et après les repas. L’IA a ensuite analysé le grammage des déchets et proposé des ajustements. Résultat : les déchets alimentaires ont été réduits de 11 %. Le dispositif est en cours de test pour une éventuelle extension aux repas des patients. En attendant, sur demande des médecins, le prestataire de Foch a recruté un pâtissier. Car mieux consommer passe non seulement par la quantité, mais aussi par la qualité. « Le soir, les plats n’étaient pas bien consommés, confirme Julie Swaenepoël, directrice qualité, risques et logistiques. Les patients se régalent désormais avec un gâteau hyperprotéiné à base d’œufs et de lait. »
Le développement durable à Foch en chiffres
• 6,3 tonnes de biodéchets valorisés en méthane de chauffage ou énergie électrique
• 18,8 tonnes de carton recyclé, soit 4,7 tonnes d’équivalent CO2 économisés
• 21 filières de tri de déchets
• 200 tonnes de Dasri transformés en copeaux
• 20 % de réduction de la consommation énergétique depuis 2016
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