La passe de trois ! Première femme à présider le premier syndicat représentatif des médecins généralistes, la Dr Agnès Giannotti, 64 ans, a été reconduite samedi à ce poste, en présence de 85 délégués des départements. Installée à Paris dans le quartier populaire de la Goutte d’Or, la généraliste se dit plus que jamais « fidèle » aux valeurs de MG France et entend poursuivre le combat identitaire pour faire reconnaître et valoriser la place du médecin généraliste traitant dans le parcours de soins.
Devant les cadres syndicaux – et en présence de la Dr Nicole Cristofari, fondatrice du Mouvement d’action généraliste (MAG) il y a 40 ans et de MG France – la Dr Giannotti a souligné les enjeux de la nouvelle convention médicale, certes approuvée « sans enthousiasme » en juin dernier, mais qui procurera toutefois « une vraie bouffée d’oxygène » permettant d’aider « de nombreux confrères à faire face à la hausse des charges ».
Dans un contexte politique et économique très compliqué, les cadres se sont ainsi félicités d'avoir validé en mai la « mise à niveau des tarifs », qui commencera à s’appliquer à partir du 22 décembre avec la consultation à 30 euros. Sans cet accord tarifaire, « l'équilibre économique de nombreux cabinets de généralistes aurait été compromis, aggravant les difficultés d'accès aux soins de premier recours », analyse MG France.
Pour autant, la signature n’est pas une fin en soi. « On doit absolument faire évoluer la convention pour donner envie aux médecins installés de poursuivre leur activité et aux jeunes de s’installer en libéral », confie ce lundi la présidente de MG France au Quotidien.
La priorité de la présidente réélue reste d’ordre tarifaire. Car au-delà du juste « rattrapage » de l’acte de base à 30 euros pour tenir compte de l'inflation, « nous devons mieux différencier les consultations simples répétitives et les consultations complexes qui prennent plus de temps », plaide la Dr Giannotti.
Depuis plusieurs années, MG France revendique la création d’une consultation longue du médecin généraliste traitant à hauteur de la visite longue et complexe (VL, 60 euros). Certes, la nouvelle convention médicale a bien acté la création d’une consultation longue (GL) de médecin traitant à 60 euros mais elle sera réservée aux patients de plus de 80 ans, à partir du 1er janvier 2026, et restreinte dans son champ d’application. Cette facturation ne sera possible « qu’une fois par patient et par an » dans trois situations : sortie d’hospitalisation, déprescription pour les patients polymédiqués et orientation vers un parcours médico-social. « Les conditions sont ponctuelles et limitées. Notre objectif est de les élargir », revendique déjà la Dr Giannotti.
Accès aux soins, une bataille collective
Au-delà des revalorisations tarifaires, la syndicaliste attend des mesures lisibles pour améliorer les conditions d’exercice des médecins. « L’accès aux soins, c’est une bataille collective mais pas au détriment de la santé des généralistes, qui risquent de jeter l’éponge », prévient-elle.
Pour le syndicat de généralistes, les modalités de recrutement et de financement des assistants médicaux, jugées encore « complexes », devraient être « assouplies ». « En outre, les médecins doivent pouvoir embaucher des infirmières Asalée ou encore pouvoir trouver des locaux et des logements avantageux pour s’installer », martèle la généraliste.
Dans un contexte politique incertain, la Dr Giannotti compte sur la dynamique conventionnelle. La prochaine commission paritaire nationale (CPN), programmée le 12 décembre avec la Cnam, prévoit plusieurs sujets « importants », dont le développement des équipes de soins spécialisés. L’Assurance-maladie a en effet donné son feu vert au soutien financier pérenne de ces collectifs de praticiens libéraux d’une même spécialité – hors médecine générale. « Nous avons besoin de correspondants spécialistes pour soigner nos patients. Il faut mettre les conditions nécessaires pour les aider à se déployer de façon coordonnée dans une logique de parcours », confirme la Dr Giannotti.
L’installation de l’observatoire national pour l’accès aux soins (décliné localement) est également au programme. C’est cette instance qui devra suivre l’évolution des objectifs collectifs et mesurables fixés dans la nouvelle convention médicale.
Le nouveau bureau de MG France revendique une stricte parité avec six femmes et six hommes (voir l’encadré). Mais le « trio de tête » de MG France reste exclusivement féminin, puisque les Drs Marguerite Bayart et Alice Perrain sont respectivement nommées aux postes de première vice-présidente et de secrétaire générale.
Nouveau bureau :
Présidente : Dr Agnès Giannotti
Première vice-présidente : Dr Marguerite Bayart
Secrétaire générale : Dr Alice Perrain
Vice-présidents : Drs Théophile Combes, Valérie Duthil, Florence Lapica et Yohan Saynac
Secrétaires généraux adjoints : Drs Sébastien Adnot et Jean-Christophe Nogrette
Trésorière : Dr Isabelle Domenech Bonet
Trésoriers adjoints : Drs Xavier Grang et Bijane Oroudji
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