Six mois après l’installation de l’observatoire conventionnel de l’accès aux soins, un premier bilan d’étape a été présenté par l’Assurance-maladie aux syndicats de médecins libéraux. Et les résultats de cet audit, que Le Quotidien s’est procuré, sont mitigés.
Sur les dix indicateurs validés, assortis d’objectifs collectifs quantifiés (ci-dessous) mais non opposables individuellement, l’observatoire affiche déjà les résultats de huit d’entre eux, parfois mitigés, encourageants pour d’autres.

S’agissant du suivi des patients chroniques, l’objectif de réduire à 2 % (taux résiduel) la proportion de patients en ALD sans médecin traitant semble encore assez lointain : au 30 juin 2025, ce taux s’établit à 4,2 % (soit plus du double de la cible). Cela traduit une difficulté structurelle : les patients les plus fragiles sont aussi ceux qui subissent fortement les tensions démographiques, avec un risque de rupture de parcours. Et si la Cnam a enregistré de vrais progrès sur cet indicateur depuis 2022 avec ses campagnes « d’aller-vers », de nouveaux patients rejoignent chaque mois le régime des ALD, ce qui nécessite un effort permanent.
Bilan modeste également pour l’installation de nouveaux généralistes (hors MEP). L’objectif d’une augmentation annuelle de 5 % de primo-installés est censé compenser les départs. Or, le taux d’évolution plafonne à 3,1 % sur 12 mois (au 30 juin), soit 2 293 nouveaux médecins généralistes actifs.
Pire, la tendance constatée pour les installations dans les zones sous-dotées reste très décevante : alors que l’objectif global est de +7 %/an d’installations dans ces territoires fragiles, le taux constaté France entière est en repli sur douze mois (-1,7 %)
Patientèle croissante
Bonne nouvelle pour la Cnam, les médecins généralistes parviennent, en moyenne, à prendre en charge une patientèle MT croissante. L’observatoire révèle ici une augmentation progressive de la patientèle médecin traitant moyenne : +0,8 % sur douze mois (à fin 2024) contre un objectif de 2 %.
La file active moyenne des médecins libéraux est également en croissance (+1,3 %), pas si loin de l’objectif annuel de 2 % par an. Toutefois, les chiffres d’activité, pris isolément, ne traduisent pas le risque de surcharge de travail au sein des cabinets libéraux, dans un contexte de pénurie médiale.
Côté ressources humaines, la Cnam a assoupli le dispositif des assistants médicaux et amélioré les aides à l’embauche, passant par exemple de 36 000 euros à 38 000 euros pour le recrutement d’un auxiliaire à temps plein (+5 %). L’objectif de progression du nombre de contrats signés est de +10 % par an. Au 30 juin, la Cnam recensait 8 558 contrats signés, en croissance régulière, sans préciser si le rythme est à la hauteur des attentes.
Régulation tarifaire : adhésion en progrès à l’Optam et l’Optam-ACO
Pour réduire les dépassements d’honoraires, l’objectif conventionnel est d’augmenter de 5 % par an le nombre de médecins de secteur 2 qui adhèrent aux options de pratique tarifaire maîtrisée (Optam et Optam ACO). Le taux d’adhésion (France entière) plafonne à 54 % des praticiens éligibles au 30 juin 2025, avec de fortes disparités territoriales. Il faudra attendre les résultats de la nouvelle campagne d’adhésion aux Optam (reportée pour cause de décalage des revalorisations d’honoraires) pour apprécier les résultats.
Enfin, l’observatoire relève que 96 % de la population est désormais couverte par le service d’accès aux soins (SAS), sur un objectif de 100 % du territoire couvert. Selon l’observatoire, une poignée de départements (Ardennes, Aisne, Marne, Haute-Marne, Eure-et-Loir) en sont toujours dépourvus. Plutôt un bon point pour les pouvoirs publics qui misent sur la généralisation complète de cette plateforme universelle de prise en charge des urgences et soins non programmés.
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