Limiter dans le temps les remplacements. C’est un généraliste de l’Orne qui le suggère. Médecin de campagne pendant 40 ans, maire d’une petite commune de 700 habitants, Saint-Julien-sur-Sarthe, le Dr Antoine Perrault a fait cette proposition à Emmanuel Macron à l’occasion du lancement du Grand débat national, le 15 janvier dernier. Le président de la République avait réuni dans un gymnase de Grand-Bourgtheroulde plusieurs centaines de maires de Normandie.
« Au bout de 5 ans, un médecin thésé devrait obligatoirement s’installer », propose le Dr Perrault qui y voit une solution d’urgence pour repeupler les déserts médicaux en attendant les effets de la fin du numerus clausus. Le généraliste vise plus particulièrement les « remplaçants professionnels », « des gens qui ne s’installent jamais. Ils remplacent 3 semaines à Besançon, 2 semaines à Amiens. Puis après, ils partent 8 jours en vacances avec les enfants ». Bref, ces médecins n’auraient pas la même éthique médicale que lui, avance le médecin. Une petite phrase qui a fait bondir certains de ses confrères sur Twitter.
L'éthique médicale n'a surtout rien à voir la dedans !! Les générations changent ! On a toujours la vocation mais on ne veut pas finir en burn out, idm au cab , divorcé, avec des enfants qu'on ne connaît pas tant on les aura jamais vu grandir….
— Doc DJ (@KangalRigoureux) January 16, 2019
Que pense Emmanuel Macron de cette proposition ? Le président ne semble pas favorable à une mesure aussi coercitive. Mais « on peut peut-être essayer de demander que les remplacements se fassent plus dans certains endroits que d’autres », a-t-il suggéré devant l’assemblée de maires, rappelant que ce serait à la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, d’en discuter avec les syndicats.
L’exercice libéral, pas assez attractif ?
Le contingent de remplaçants n’est pas négligeable, selon le Dr Perrault, qui avance le chiffre de 8 000 médecins remplaçants. Dans son atlas, l’Ordre fait état de 12 000 praticiens en activité intermittente (4 % des effectifs totaux), dont 4 000 généralistes. Mais, souligne l’Ordre, cette tendance s’accentue : le chiffre a augmenté de 22,7 % depuis 2001 et de 7,2 % depuis 2017.
« Il est un fait que beaucoup de jeunes médecins commencent par remplacer et prolongent, reconnaît sur Twitter une femme médecin. La vraie question : comment rendre l’installation plus attractive que cette situation peu confortable ? La coercition n’est toujours pas la bonne réponse cher confrère… », répond-elle au Dr Perrault.
L’exercice libéral, pas assez attractif ? Pour le généraliste de l’Orne, il n’est tout simplement plus en adéquation avec les aspirations des jeunes médecins. Que veulent-ils ? « Ils veulent le salariat, les congés payés et terminer à 19 heures », avance le maire devant Emmanuel Macron, en suggérant de donner aux maisons médicales les moyens de se développer pour répondre à ces attentes.
Le président reste prudent à l’égard du salariat. « Si je commençais à dire, “On fait le salariat de la médecine”, il y aurait la moitié de la France qui dirait “Jamais avec moi” », lui a répondu le président.
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