Santé et prévoyance : 87 % des généralistes libéraux ont peur de devoir s’arrêter longtemps

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Publié le 27/08/2025
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Selon une étude réalisée par OpinionWay pour l’assureur Swiss Life France, les généralistes libéraux craignent d’être arrêtés pendant une longue période, s’estimant vulnérables au regard de leur protection sociale santé et prévoyance.

Crédit photo : GARO/PHANIE

Des médecins de ville inquiets des aléas de la vie et craignant particulièrement l’impact d’un arrêt long, au regard de leur protection sociale : c’est l’un des enseignements d’une étude réalisée par OpinionWay pour l’assureur Swiss Life France* à laquelle 205 généralistes libéraux ont participé pour la première fois (dans le cadre d’une étude plus large évaluant le « sentiment de vulnérabilité » que les travailleurs non-salariés – dirigeants de TPE, indépendants – ressentent en matière de protection sociale).

Inflation, tensions géopolitiques, réformes incertaines… La conjoncture actuelle et le climat d’instabilité sont une source d’inquiétude pour 72 % des généralistes, qui redoutent des répercussions concrètes sur leur activité (71 %). L’indice de vulnérabilité mesuré dans l’étude atteint ainsi 70/100 chez les généralistes (contre 67/100 chez les travailleurs indépendants et dirigeants de TPE, aussi interrogés), un niveau jugé « intense » par l’assureur.

La peur de devoir s’arrêter sans amortisseur

Ce sentiment de vulnérabilité de l’ensemble des travailleurs non-salariés face à la protection sociale (mais particulièrement chez les généralistes) s’explique notamment par la conscience d’un « manque de sécurité » auquel ils estiment qu’ils seraient confrontés en cas d’interruption de leur activité, même momentanée.

Cette crainte de devoir s’arrêter (sans amortisseur garanti) est particulièrement vive chez les généralistes, à hauteur de 88 % (contre 81 % des dirigeants de TPE et des autres indépendants). « Même un arrêt de durée moyenne mettrait la majorité des travailleurs non-salariés en difficulté, ce qui pourrait influencer leurs choix de vie », souligne l’étude.

A fortiori, lorsqu’il s’agit d’un possible arrêt de travail de plusieurs semaines, voire de plusieurs mois, le sentiment de crainte atteint un niveau très élevé chez les généralistes sondés (87 % contre 81 % des dirigeants de TPE par exemple). Cette fragilité exprimée a des conséquences sur les comportements. Ainsi, pour prévenir ou limiter les arrêts, « 55 % des généralistes évitent certaines activités qu’ils jugent risquées », peut-on lire.

Pas assez couverts face aux aléas

Sans surprise, une écrasante majorité de généralistes (91 %) jugent que les garanties offertes par leur couverture sociale (santé/prévoyance) ne couvriraient pas « correctement » au moins un besoin essentiel en cas de difficulté liée aux aléas de la vie.

Dans le détail, 83 % des généralistes jugent leur couverture actuelle « insuffisante » en cas d’arrêt de travail. Principaux points faibles cités par les médecins de famille : la continuité de l’activité (63 %), le maintien de la rémunération (61 %), l’accès à un accompagnement psychologique (56 %) et la protection de la famille (51 %) ou encore la mauvaise couverture des soins médicaux (23 %). En cas d’invalidité, les mêmes inquiétudes sont pointées par les médecins, qui jugent à 86 % leur couverture insuffisante.

Le même sentiment de vulnérabilité s’exprime en cas de décès avec 83 % des omnipraticiens jugeant leur protection sociale insuffisante pour protéger leurs proches. Les inquiétudes concernent ici la garantie d’une pension longue durée à leurs enfants ou conjoint (65 %) et la capacité de cette couverture à maintenir un revenu temporaire pour leur famille (63 %). Par ailleurs, près de la moitié des généralistes (48 %) doutent que les frais d’obsèques puissent être correctement couverts, ou que leurs dettes éventuelles ne soient transmises à leurs héritiers (43 %).

Point plus positif pour la profession, si la moitié des travailleurs non-salariés (50 % des indépendants et des dirigeants de TPE) renoncent à des soins jugés trop coûteux, ce renoncement aux soins chute à 15 % chez les généralistes. Ils sont « mieux couverts et plus conscients des risques », avance l’étude.

Certains contrats largement adoptés

Dans ce contexte de fragilité, 39 % des généralistes interrogés font du renforcement de leur protection sociale actuelle une priorité, même si cette volonté se heurte à un système de couverture sociale jugé complexe (par 79 % des médecins du panel et trois quarts des travailleurs non-salariés). À cet égard, la quasi-totalité (92 %) des généralistes estiment que la protection sociale dont ils bénéficient est « inférieure » à celle des salariés.

À noter que face à la peur d’une perte de revenus que représentera leur passage à la retraite, les généralistes libéraux sont plus prompts (que les autres indépendants) à passer à l’action. Ainsi, 87 % d’entre eux déclarent avoir souscrit à (au moins) un contrat de protection sociale : retraite supplémentaire (60 %), prévoyance (78 %), temporaire décès (21 %), épargne salariale (19 %).

* Cette étude réalisée par OpinionWay, évaluant le sentiment de vulnérabilité, en matière de protection sociale, a été menée auprès d’un échantillon de 870 travailleurs non-salariés (339 indépendants, 326 dirigeants d’entreprise de 1 à 9 salariés et 205 médecins généralistes libéraux), interrogés par questionnaire auto-administré en ligne entre le 21 mai et le 5 juin 2025.


Source : lequotidiendumedecin.fr