Le ton de la dernière newsletter de la branche généraliste de la CSMF d’octobre se veut pour le moins virulent. « On marche sur la tête », s’emporte le Dr Luc Duquesnel, chef de file des généralistes de la Conf’. « Dans une période où on nous dit qu’il faut faire des économies, on voit de l’argent public dépensé à gogo dans des dispositifs censés améliorer l’accès aux soins et qui ne répondent pas aux besoins de la population ». Lesquels ?
Le généraliste mayennais cite d’abord les cabines de téléconsultation, un secteur marqué par la récente faillite de la société H4D. « Dix cabines hors service financées par le département… », pointe-t-il.
Mais ce n’est pas tout : les dépistages en médicobus, « chouchous des élus locaux qui se font avoir de bonne foi et sont heureux d’être pris en photo dans les journaux régionaux », ne sont pas non plus épargnés. Selon les calculs de l’agence régionale de santé (ARS) Grand Est, le coût de fonctionnement d’un médicobus est estimé à 200 000 euros par an pour un fonctionnement de cinq jours par semaine, « hors rémunérations des professionnels de santé qui y interviennent », s’agace le Dr Duquesnel. Et de rappeler qu’en cas de résultat anormal des examens, ce seront bien les médecins libéraux disponibles qui prendront en charge les patients, sans subvention de la part des ARS ou des collectivités locales. Une pique qui intervient alors même que le gouvernement cite régulièrement les médicobus comme un des leviers à soutenir l’an prochain pour favoriser l’accès aux soins dans les zones fragiles ou enclavées.
On nous répond : vous êtes en libéral, on ne peut pas vous aider
Dr Luc Duquesnel
Alors, deux poids, deux mesures entre les libéraux de santé, en première ligne, et les dispositifs de prise en charge ponctuelle qui fonctionnent à renfort de subventions ? La question est en tout cas posée. « Nous, on nous répond : “Vous êtes en libéral, on ne peut pas vous aider” », grince le Dr Duquesnel.
Pourtant, les professionnels de santé libéraux s’organisent et se structurent que ce soit via les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) et les maisons de santé pluripro (MSP), des modes d’exercice coordonné également soutenus financièrement. Pas assez ? « On embauche des assistants médicaux, des infirmières en pratique avancée mais ces réorganisations nécessitent des investissements lourds, y compris en termes d’immobilier », avance le chef de file des Généralistes-CSMF.
Des centres qui coûtent cher…
Son dernier coup de griffe est réservé aux centres de santé « solidaires », un autre modèle qui vient d’être salué par la ministre de la Santé Geneviève Darrieussecq, à l’occasion d’un déplacement dans la creuse. Des généralistes de la France entière – jeunes médecins, installés et retraités – viennent y exercer une semaine par an pour répondre à la désertification de ce territoire,
Le Dr Luc Duquesnel est loin d’être convaincu. Chacune de ces structures coûterait « 170 000 euros aux tutelles et aux départements, non compris les locaux qui doivent être offerts par les communes », évalue Luc Duquesnel. Des deniers publics qui, là encore, seraient mieux employés pour aider directement les généralistes libéraux dont la patientèle moyenne médecin traitant dépasse les 1 100 patients… contre 600 maximum pour les centres de santé « qui coûtent cher et sont souvent déficitaires ».
Aidons plutôt les médecins de famille et en cumul emploi retraite qui assurent la continuité et la permanence des soins sur leur territoire ! conclut le Dr Duquesnel dans sa philippique.
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