Les membres de la commission Environnement et Santé du Parlement européen ont voté jeudi une résolution demandant à l'exécutif européen de retirer sa proposition en faveur d'un renouvellement de la licence du glyphosate, appelant à une disparition progressive de la substance dans les trois prochaines années. La résolution, adoptée à une large majorité (39 pour, 9 contre et 10 abstentions), doit maintenant être soumise au vote en séance plénière du Parlement mardi à Strasbourg, à la veille du scrutin prévu le 25 octobre au sein du comité d'experts chargé du dossier en vue d'autoriser pour 10 ans supplémentaires l'utilisation de l'herbicide controversé.
La résolution du Parlement n'est juridiquement pas contraignante mais vise à mettre la pression sur la Commission européenne et les Etats membres, qui prennent part à ce comité. "La Commission fait fi de la réalité", a lancé l'eurodéputé socialiste Pavel Poc, l'un des rapporteurs de la résolution, qui souligne "l'échec" de l'exécutif européen "à appliquer le principe de précaution".
Les eurodéputés demandent également à la Commission "d'adopter les mesures nécessaires pour éliminer" le glyphosate du territoire de l'UE avant "au plus tard le 15 décembre 2020", et de "proposer des mesures de transition adéquates au secteur agricole", alors que le glyphosate reste l'herbicide le plus utilisé au monde, privilégié pour son faible coût et son efficacité.
En France, une mission d'information sur les produits phytosanitaires a été créée mercredi à l'Assemblée nationale. Dix députés LREM, dont Matthieu Orphelin, ex-bras droit de Nicolas Hulot dans sa fondation, Jean-Baptiste Moreau (agriculteur), ou Marie Tamarelle-Verhaeghe (médecin) et l'ex-ministre PS de l'Ecologie Delphine Batho, participeront notamment à cette mission de 18 membres issus des commissions des Affaires économiques, sociales, et du Développement durable.
Le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot a réaffirmé, dans un entretien au Journal du Dimanche, qu'il souhaitait une interdiction du glyphosate "le plus vite possible, en développant des solutions de substitution. Sachez une chose : je ne recule jamais ; parfois, je patiente un peu", avait glissé Nicolas Hulot. La France a écrit le 10 octobre à la Commission européenne pour réclamer une nouvelle proposition "ambitieuse" sur la définition des perturbateurs endocriniens, après le rejet d'un texte en la matière par le Parlement européen.
Fin septembre, Matthieu Orphelin et Jean-Baptiste Moreau avaient proposé que "la France porte l’idée d’une interdiction à deux ou trois ans, avec une période transitoire qui permettrait de déployer les alternatives et d’accompagner les agriculteurs dans cette transition". Pour sa part, Delphine Batho plaide pour retirer le glyphosate immédiatement des ventes et ne pas renouveler son autorisation de commercialisation en Europe. "Il n'y a pas de débat à avoir quand on sait que les arguments en faveur de la réautorisation du glyphosate sont fondés sur un rapport qui a copié-collé les argumentaires envoyés par Monsanto", a-t-elle plaidé début octobre dans L'Obs.
(avec AFP)
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique