LE QUOTIDIEN : Pourquoi participerez-vous ce mardi 1er juillet à cette manifestation des libéraux de santé en colère ?
DR RAPHAËL HOCQUEMILLER : Parce que je trouve inique, alors que nous avons signé une convention avec la Sécurité sociale, que celle-ci annonce, de manière unilatérale, le gel tarifaire de nos consultations pendant six mois. Sous prétexte de dérapage des dépenses de l’hôpital, qui plus est !
Ce sont encore les libéraux qui se retrouvent à trinquer et à payer pour les autres. Le tarif de la consultation gynécologique devait passer, ce 1er juillet, de 37 à 40 euros. Mais au-delà de l’impact financier, qui est bien réel, ma participation à cette manif est avant tout une question de principe : on a une convention et la caisse ne respecte pas l’accord. D’autant que nous n’avons aucune garantie que ces revalorisations seront applicables à la fin du moratoire au 1er janvier 2026.
Envisagez-vous de basculer en secteur 3, hors convention ?
Je commence à y réfléchir. Quand un partenaire ne respecte pas ses engagements… En revanche, il est fort probable que j’applique désormais une tarification de 40 euros de mes consultations, également de manière unilatérale.
Dans quel état d’esprit êtes-vous aujourd’hui ?
Déçu, remonté, fataliste… : le curseur doit se situer quelque part entre ces sentiments. Mais aujourd’hui, c’est clairement l’aspect “remonté” qui l’emporte. Cette décision de gel tarifaire n’est pas honnête. On a mis des mois et des mois pour réussir à pondre une convention et dès le premier prétexte, elle n’est pas appliquée. La Cnam ne respecte pas ses engagements… c’est vraiment agaçant. Mais, je reconnais aussi éprouver un certain fatalisme : pouvait-on s’attendre à mieux de leur part ?
Cette manifestation peut-elle marquer le début d’une convergence des luttes entre les professionnels de santé libéraux ?
C’est vrai que, pour une fois, il y a visiblement une certaine unité syndicale. Tous les signataires de la convention se sentent floués. La rapidité avec laquelle l’annonce du gel tarifaire a eu lieu a certainement joué. Ils ont annoncé ça quinze jours avant la mise en œuvre des revalos. Tous les logiciels étaient prêts à intégrer les nouveaux tarifs. Et les spécialités médicales en bas de l’échelle des revenus se sont entendues dire : “Ah ben, non, finalement, elles n’interviendront pas. ”
Nous avons tous des griefs vis-à-vis de la Cnam, mais de là à penser qu’une convergence des luttes puisse se produire, je ne sais pas. Ce que je vois comme possible future étape, comme l’avaient fait les généralistes pour obtenir le C à 30 euros, c’est que toutes les spécialités qui devaient obtenir une revalorisation de leurs tarifs au 1er juillet, les appliquent désormais systématiquement.
* Alizé (kinés), CDF (chirurgiens-dentistes), CNSA (ambulanciers), CSMF (médecins), FFMKR (kinés), FMF (médecins), FSPF (pharmaciens), MG France (médecins), ONSS (sages-femmes), SDA (audioprothésistes), SNAO (orthoptistes), SNMKR (kinés) et USPO (pharmaciens). Ces syndicats donnent rendez-vous aux libéraux de santé ce mardi à 11 heures, sur l’esplanade des Invalides.
MG France se retire des négociations interpro
Après la CSMF, c’est au tour de MG France de se retirer des négociations interprofessionnelles en cours sur les maisons de santé (MSP). Le syndicat de généralistes dénonce le report par le gouvernement des mesures négociées dans la convention médicale. « Négocier un avenant dans ce contexte n'a pas de sens », écrit l’organisation. « Quels qu'en soient les motifs, fragiliser ainsi le dialogue conventionnel fait peser un risque majeur sur l'équilibre du système, dans une période à haut risque pour la prise en charge équitable des patients », poursuit-il. Cette suspension durera jusqu'à ce que « l'application complète des accords signés soit effective ».
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