Il était temps. Après une année 2017 pour la première fois en repli, les résultats de 2018 qui viennent de tomber sont en mesure de réconcilier les médecins libéraux avec la ROSP. La rémunération sur objectifs de santé publique est en effet repartie à la hausse avec + 6,4 % pour les généralistes. C’est un grand ouf de soulagement, pour les praticiens, bien sûr, mais aussi pour leurs représentants, partenaires du dispositif, et au-delà pour la Sécu et les pouvoirs publics : par les temps qui courent, ils ont tout intérêt à envoyer des messages positifs sur les modes de paiement alternatifs.
Depuis l'introduction des primes à la performance il y a dix ans, le dossier a toujours revêtu une dimension pour ainsi dire idéologique. Avant de convaincre les médecins de terrain, il a fallu apprivoiser leurs syndicats. Une entreprise difficile, au point que la CNAM dut un temps faire cavalier seul en lançant en 2009 – hors convention et sur la base du volontariat – la première formule baptisée alors CAPI pour contrat d’amélioration des pratiques individuelles. Le mécanisme, issu du P4P (pay for performance) britannique est depuis entré dans les mœurs comme une sorte de "13e mois" du médecin généraliste, seuls quelques irréductibles continuant encore à le bouder.
Pour les décideurs, l’enjeu n’est toutefois plus de convertir les plus réticents mais de faire admettre au plus grand nombre qu’il faudrait aller plus loin. Actuellement, moins de 15 % de la rémunération du médecin de famille est liée, de près ou de loin, aux forfaits. Demain, cela pourrait représenter beaucoup plus, dans la foulée du rapport Aubert qui suggère de réduire à terme le paiement à l’acte (tout en restant majoritaire). L'objectif est ambitieux – il ne passera pas que par la ROSP. Mais il suppose que les médecins traitants soient certains que la diversification des modes de rémunération ne soit pas un marché de dupes. Pari presque gagné. Quoique…
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