La riposte des libéraux de santé prend forme et le front est désormais très large. Réunis au sein du collectif des #SoignantsTrahis, treize organisations représentatives des professionnels de santé libéraux* dont trois syndicats de médecins (CSMF, FMF et MG France) appellent leurs troupes à participer massivement à un rassemblement de contestation le mardi 1er juillet à Paris, aux Invalides, à 11 heures. Tous protestent contre les économies budgétaires et le blocage des tarifs qui ciblent le secteur après le dérapage annoncé des dépenses maladie. « En décidant de suspendre brutalement les revalorisations conventionnelles pourtant actées pour les médecins, kinésithérapeutes et chirurgiens-dentistes, le gouvernement et la Cnam décident de faire porter le prix de leur inconséquence budgétaire aux soins de ville », dénonce cette intersyndicale
Une semaine après l’annonce d’un gel de six mois (de juillet 2025 à janvier 2026) des revalorisations tarifaires pour les médecins, les kinés ou les chirurgiens-dentistes, la colère est donc montée en ville, malgré une réunion de crise avec le ministère de la Santé. « Cette réunion n’a servi à rien, fustige le Dr Franck Devulder, président de la CSMF. Catherine Vautrin a expliqué que cette mesure de report des revalorisations était automatique en raison de l’état des finances du pays et qu’elle n’entendait pas revenir sur ce dispositif ». Comme les autres signataires de l’appel, la centrale polycatégorielle refuse que « les soignants libéraux paient les dérives budgétaires de l’hôpital ». « Il y a clairement une trahison de la parole conventionnelle, de la parole de l’État », lance le gastro-entérologue de Reims qui envisage aussi la suspension de la participation aux futures négociations interpro.
MG France annonce de son côté une participation « symbolique », de l’aveu même de son secrétaire général adjoint, le Dr Jean-Christophe Nogrette. De fait, pour les omnipraticiens, le report des revalorisations de juillet concerne la revalorisation de la COE (consultation obligatoire enfant) de 54 à 60 euros ainsi que des hausses d’actes CCAM. « Cette cotation est limitée pour les généralistes et nous utilisons peu d’actes techniques car ce n’est pas notre cœur de métier, juge le syndicaliste. Mais ce qui nous inquiète le plus, c’est la mainmise parlementaire sur la convention et c’est extrêmement dangereux pour le système conventionnel déjà fragilisé. »
« Le vrai sujet, les dépenses des hôpitaux publics », pour Avenir Spé
D’autres syndicats de médecins libéraux, non-signataires de l’appel du collectif, soutiennent la grogne sans y participer. Le Dr Patrick Gasser, patron du syndicat Avenir Spé, estime qu’une manifestation ponctuelle d’un jour « ne changera pas grand-chose dans la situation actuelle ». Néanmoins, le gastroentérologue de Nantes appelle le gouvernement à s’attaquer au « vrai sujet », « les dépenses des hôpitaux publics, leur efficience ».
Pour l’UFML-Syndicat, « les journées santé morte ne changent rien », recadre son président, le Dr Jérôme Marty. En revanche, le généraliste de Fronton appelle ses confrères « à appliquer les tarifs revalorisés comme prévu à partir du 1er juillet ». « C’est dans le contrat que nous avons signé, juge le Dr Marty. Il faut différencier le tarif que nous avons négocié et le remboursement effectué par la Cnam et les complémentaires. S’ils ne veulent pas rembourser, ils devront prendre leur responsabilité ». Sur le fond, il déplore une « politique de santé sans cap, sans plan » qui risque d’encourager à « sortir » de la convention. L’UFML-S avait d’ailleurs initié en mars 2023 un mouvement de « déconventionnement collectif » pour mettre la pression sur les négociations. « Ce mouvement est toujours en cours », avance le Dr Marty même si la Cnam affirme qu’il a peu d’impact.
Cet appel à la mobilisation le 1er juillet a reçu le soutien de l’Union nationale des professions libérales (Unapl), organisation patronale qui fédère 67 syndicats représentatifs de trois secteurs (santé, droit et cadre de vie). À la même date, plusieurs organisations de pharmaciens ont appelé à une « grève illimitée » et « immédiate » des gardes sur le territoire en raison des baisses envisagées sur les remises génériques qui, selon les pharmaciens, risquent de fragiliser le réseau officinal en réduisant leur marge.
* Alizé (kinés), CDF (chirurgiens-dentistes), CNSA (ambulanciers), CSMF (médecins), FFMKR (kinés), FMF (médecins), FSPF (pharmaciens), MG France (médecins), ONSS (sages-femmes), SDA (audioprothésistes), SNAO (orthoptistes), SNMKR (kinés) et USPO (pharmaciens).
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